Dans le cadre de sa tournée nationale, la dernière production du théâtre national Algérien « Djathoum » a été présentée au public annabi, avant-hier mardi 14 février, au théâtre régional Azzedine Medjoubi Annaba.
Les amoureux des planches ont pu découvrir la pièce théâtrale ayant obtenu deux prix lors de la 15ème édition du festival national du théâtre professionnel. Écrite par Wafaa Braham-Chaouche et mise en scène par Abdelkader Azouz, Djathoum a eu le prix de la Meilleure composition musicale pour Bahr Bensalem et prix de la meilleure scénographie pour Abdelkader Azzouz, ex-équo avec Chahinez Narouache pour la pièce « Chajarat el Mouaz ».
La pièce raconte l’histoire de Fouzia, une fille normale, mais rebelle aux yeux de son entourage, qui refuse un mariage arrangé. Après le décès de son père, Yamina, la mère de Fouzia, accepte de la marier à Amghar, un riche et puissant chef de village. Fouzia aspire à une vie meilleure et tente de gagner sa vie en travaillant la terre de son défunt papa. Tout le monde se met contre cette idée de quête de liberté et veut forcer la jeune dame à un mariage traditionnel. Elle prend la fuite aidée par le fils de Amghar. Le chef du village se révèle être l’assassin de son père et de tous ses prétendants.
Cette représentation théâtrale est un drame critique où cinq comédiens occupent la scène en alternance avec six danseurs pour raconter l’histoire de Fouzia. Le combat d’une jeune dame, seule contre tous, est bien présenté. Elle affronte les traditions d’une société patriarcale dont les valeurs sont basées sur un mythe fondateur. Très vite, la rationalité et le désordre s’affrontent. La pièce présente plusieurs personnalités aux aspects psychologiques complémentaires et contradictoires représentant liberté, autorité, résistance au changement, force des liens sociaux…
Charrette, masques, perches, lampadaires… un ensemble d’accessoires permettent aux comédiens de bouger et d’occuper tout l’espace scénique. Présenté sous forme de toiles anthropologiques du Sahara algérien, le décor a permis d’illustrer l’aspect traditionnel autoritaire de l’histoire. Cependant, l’absence de repères temporels ainsi que le dialogue entre les personnages, chargé de répliques, stichomythies, tirades et monologue notamment chez Amghar, chef du palais et de la maman de Fouzia, invitent le public à faire le lien avec ce qui se passe dans d’autres sociétés et systèmes de gouvernance actuels.
La fin de l’histoire est ouverte laissant libre court à l’imagination de chaque spectateur. Tout est bien qui finit bien pour le public annabi, avec une standing ovation au théâtre régional Azzedine Medjoubi. La paralysie du sommeil (Djathoum) n’a pas opéré !
Il est à noter que la pièce Djathoum a entamé sa tournée artistique le 8 février 2023 et a déjà été présentée au théâtre régional d’El Eulma, Constantine, Khenchela et Oum el Bouaghi.
Par : Fatima Zohra Bouledroua