Dans le cadre de la grande manifestation culturelle « Soixantaine de la culture algérienne migrante » organisée par la direction de la culture et des arts de la wilaya d’Annaba et qui se déroulera les 16 et 17 Octobre 2021, plusieurs scientifiques et personnalités de la culture participeront à la commémoration de la journée nationale de l’immigration (17 Octobre 1961) à Annaba. L’auteur, journaliste et dramaturge H’mida Ayachi sera présent pour raviver la mémoire et pousser à la réflexion en présentant une communication sur les parcours époustouflants et similaires de l’Algérien Mohamed Boudia et le Palestinien Ghassan Kanafani.
Le séminaire national sur la littérature Algérienne migrante sera l’une des principales activités de cette manifestation, l’on verra la participation de grands chercheurs universitaires et personnalités du domaine de la culture, qui, en deux jours aborderont différentes thématiques relatives à la littérature algérienne migrante. Selon le programme arrêté par le comité scientifique et le comité d’organisation du séminaire, et publié sur la page Fecebook de la direction de la culture, professeur Abdelmadjid Hanoune, Pr Ahmed Cheniki, Dr Tahar Rouainia et Dr Idriss Boudiba, Pr Tarek Thabet, Pr Faycel Lahmar en présideront les sessions et atelier scientifiques. Le journaliste, auteur et dramaturge H’mida Ayachi présentera une communication très intéressante, dont nous détenons une copie du résumé, intitulée : « Mohamed Boudia et Ghassan Kanafani, deux facette d’une même révolution : Révolution et coïncidence ».
Résumé de la communication
Mohamed Boudia et Gassen kanafani sont deux facettes d’une même révolution, révolution et coïncidence. Mohamed Boudia dramaturge, écrivain et militant algérien a été assassiné à Paris en 1973 par le Mossad à cause de sa forte implication dans la révolution palestinienne. De même l’assassinat du journaliste écrivain et dramaturge palestinien Ghassen kanafani a été perpétré par le Mossad également. Est-ce que ces deux assassinats de deux remarquables personnalités dont les ressemblances à l’appartenance à la révolution palestinienne et à la grande révolution algérienne est une coïncidence ? Quelle signification pourrait-t-on en ressortir de la rencontre de deux révolutions ? A partir de cette question de départ, l’auteur H’mida Ayachi tentera dans son intervention de mettre la lumière sur les points, mal connus et complexes des deux hommes de culture appartenant à des organisations, dont l’engagement a été à vie. Exilés, ils ont utilisé l’écriture comme une forme de révolution. L’objectif de la communication est aussi de démontrer la créativité des deux personnalités et rôle joué dans le fondement d’une nouvelle prise de conscience de la résistance, de questionner la révolution et de montrer combien les deux hommes ont levé haut la voix des deux révolutions qui plaidaient en faveur d’un monde de liberté, humanité et justice.
H’mida Ayachi
Journaliste, auteur et dramaturge, né en 1958, H’mida Ayachi a suivi des études de sciences politiques. Il a notamment été rédacteur en chef et directeur fondateur de journal. Il devient conseiller de la ministre de la Culture Malika Bendouda dans le gouvernement Djerad en janvier 2020. Il est l’auteur de romans et d’essais littéraires et politiques, parmi lesquels une évocation de la vie de Kateb Yacine qu’il a connu durant les années 1980.
Mohamed Boudia
Mohamed Boudia est né le 24 février 1932 à Alger à la Casbah. Autodidacte, Mohamed Boudia lisait énormément, en particulier tout ce qui s’apparentait au théâtre. Il avait découvert le quatrième art en compagnie de Mustapha Gribi au sein de la troupe du centre Régional d’Art Dramatique (Crad), qui le mit en contact avec le monde de la culture et des idées sociales. Il rencontra Mustapha Kateb au début de l’année 1954. Il commença son militantisme après son service militaire pour ne plus s’arrêter. Il est parmi les premiers militants de la Fédération de France du FLN dont il deviendra rapidement un responsable permanent à Paris. M. Boudia, de nom de guerre « Rabah », sera à la tête du commando de la « spéciale » qui organisera l’attentat contre les dépôts pétroliers à Maurepiane. Il sera arrêté à la suite de l’opération de Marseille et sera condamné à 20 ans de prison. Considéré comme un élément « dangereux et perturbateur », Il ne cessera d’être transféré d’une prison à une autre. Il forme en prison une troupe théâtrale, où il fera jouer à ses « frères militants » sa pièce Naissances. Il avait fui la prison. Une fois à Tunis, il rejoindra la troupe théâtrale du FLN que dirige Mustapha Kateb et dont le régisseur n’est autre que son fidèle ami Mohamed Bengana. Apres l’indépendance, il s’est consacré au théâtre et l’action culturelle. Il initiera la revue de l’Union des écrivains algériens dont il est un membre actif. Boudia fondera le premier quotidien du soir, Alger ce soir, le 1er janvier 1964.
Il s’engage par la suite au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Il en devient un des membres les plus actifs en France. D’abord trésorier, il participe à des actions armées extérieures. Mohamed Boudia est ensuite nommé à la tête de l’organisation spéciale du FPLP en Europe. Il sera assassiné par le Mossad en juin 1973 à Paris.
Ghassen Kanafani
Né en avril 1936 à Acre, est un écrivain, journaliste et activiste palestinien. Il était le porte-parole du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Il vit avec sa famille à Jaffa jusqu’à ce qu’ils soient contraints de partir durant la Nakba, en 1948, pour finalement s’installer à Damas. Son expérience dans l’écriture a été fortement influencée par sa vie dans les camps de réfugiés. Il a écrit dix-huit livres et des centaines d’articles sur la culture, la politique et la lutte du peuple palestinien. Ghassan Kanafani a eu une influence importante dans la modernisation de la littérature arabe, et reste une figure importante de la littérature palestinienne. Ses livres parlent essentiellement de la Palestine et de la lutte palestinienne, et il évoque souvent ses propres expériences en tant que réfugié. Il sera assassiné dans un attentat à la voiture piégée à Beyrouth le 8 juillet 1972.
D’autres intervenants
Il est à noter que plusieurs autres communications tout aussi pertinentes seront présentées lors du séminaire sur la littérature Algérienne migrante. Le thème général se focalisera sur le contenu de la littérature algérienne migrante, ses formes, les causes qu’elle défend et ses personnalités. Une exposition sur la mémoire nationale est prévue au niveau du hall du théâtre régional Azzedine Medjoubi, et une rencontre entre le journaliste Kada Ben Ammar se déroulera sur le Cours de la Révolution au salon du livre prévu pour l’occasion et qui se déroulera du 16 au 30 Octobre 2021. Une conférence de presse sera tenue demain à partir de 14h au théâtre d’Annaba.
Par : Fatima Zahra Bouledroua