L’auteur algérien d’expression arabophone, Mohamed Hocine Tolbi, a animé samedi après-midi, une rencontre littéraire au niveau de la bibliothèque principale Barkat Slimane, pour présenter au public annabi son dernier livre intitulé « A la recherche de Annaba ».
Un rendez-vous pas comme les autres qu’a voulu organiser le fils de Bône, résidant depuis plus de quarante années aux Émirats arabes unis. Une rencontre littéraire dont le but est de susciter un débat citoyen autour du rôle de la société civile dans le développement local de la wilaya d’Annaba. Le livre que présente l’auteur est un recueil de textes descriptifs sur des lieux et quelques personnalités qui ont marqué l’esprit de l’auteur. Il y est présenté également des jeunes annabis activant dans la société civile que Mohamed Hocine Tolbi a pu repérer à des milliers de kilomètres, grâce aux réseaux sociaux.
Une ville souffrante
L’écrivain a commencé son intervention en donnant un aperçu sur la politique coloniale mise en place à l’époque pour extirper aux Algériens tout ce qui pouvait mettre en valeur la culture arabo-musulmane. Une stratégie bien connue des systèmes coloniaux qui a laissé Annaba, à l’instar de toutes les villes algériennes, sans ressources humaines ni matérielles capables de gérer l’Algérie indépendante. Il revient brièvement sur les défis relevés et les sacrifices des Annabis entre la période du cessez-le-feu et l’indépendance, malgré le danger saisissant des militants de l’OAS, Organisation de l’Armée Secrète.
Mohamed Hocine Tolbi note les efforts consentis par tous les Algériens dans la reconstruction du pays dès 1962. Annaba n’a pas fait exception, mais depuis le temps, d’autres villes d’Algérie connaissent un développement réel et une volonté politique pour avancer. Tandis qu’Annaba est, à ce jour, une ville marginalisée, selon lui. Toute l’assistance semble être d’accord avec ce constat poignant.
Une société civile responsable
L’auteur ne s’est pas beaucoup étalé sur le contenu du livre. Il s’attarde sur le rôle de la société civile dans le développement des villes et encourage le travail de bénévolat accompli par les jeunes. De ce fait, le sujet a suscité plusieurs interventions. Des écrivains, poètes, éditeur, associations, journalistes…etc, ont pris la parole pour évoquer les points faibles et les lacunes dans la gouvernance locale. Entre sites historiques non exploités, manque de projets de développement, manque de vision stratégique ou encore centralisation de la prise de décision, Annaba semble être à la bourre en terme de développement local par rapport aux autres villes d’Algérie. Une autre catégorie d’interventions a pointé du doigt les faiblesses de la société civile.
Des associations au service des directeurs sectoriels sans aucune autre stratégie, le nombre de ces dernières, au dépend de la qualité, est un problème qui inquiète l’assistance. Des participants ont proposé de sortir de cette rencontre avec des recommandations telle que la coordination entre les membres de la société civile pour tracer une feuille de route et devenir une force de proposition pour les autorités locales. Que de bonnes résolutions !
« À la recherche de Annaba ! »
Les cinq chapitres du livre sont un voyage, Ô combien tumultueux à travers la mémoire, l’esprit et le cœur de l’auteur. Il y évoque des rues, des sites, des plages ou des mosquées. Il invoque des souvenirs, rend hommage à des amis et enseignants de l’association des oulémas. Il présente des artistes que nous ne présentons plus tel que cheikh El Kourd. Mais au-delà de ce que nous pouvons imaginer, il y est marqué dans certains passages quelques actions citoyennes récentes émanant de la société civile bônoise.
Il y inscrit, à titre d’exemple, le texte intégral de la pétition qu’avait lancée l’association Médina pour arrêter le projet du centre commercial. Il évoque l’espoir que représente la société civile dans l’épanouissement de la ville. Comme une tentative d’alléger le fardeau qu’il fait porter au lecteur par les précédents passages sur la transformation d’une belle placette en parking en béton d’une rare mocheté. Pleins d’autres d’exemples similaires affligent le lecteur. « L’espoir est dans cette jeunesse », martèle-t-il lors de la rencontre.
Un livre qui va dans tous les sens, éveille le sentiment de culpabilité et met chacun d’entre nous face à ses responsabilités vis-à-vis de sa ville. Un diagnostic de l’état lamentable d’une ville qui mérite mieux mais qui ne trouve pas son sauveur. L’auteur met le lecteur face à l’exercice de sa citoyenneté. Avec des termes littéraires et un arabe châtié, des textes séparés, l’on y découvre simplement une invitation à devenir bon citoyen. Un appel aimant mais sévère. Un appel plein d’espoir avec un cœur rempli d’amertume. Un cri littéraire pour demander au lecteur de prendre soin de la ville qu’il a quittée il y a plus de 40 ans. « J’y reviendrai définitivement pour y être enterré », déclare-t-il.
Par : Fatima Zohra Bouledroua