Par : A.Ighil
Le nouveau pôle urbain intégré de BenMostefa Benaouda, ex-Draâ Errich, n’est sans doute pas « un modèle réussi » de nouvelle ville et ne sera pas de sitôt la Smart City comme annoncé en grande pompe par les concepteurs d’une ville qui devait être « une solution définitive » pour le problème du foncier rencontré dans la wilaya de Annaba, selon le propos d’un ancien ministre de l’Habitat. Un impressionnant pôle urbain s’étendant sur 1.334 hectares, devant accueillir 50.000 logements, tous segments confondus. Un projet grandiose mais qui présente certaines anomalies qui persistent depuis plusieurs années, constatées à travers de nombreux sites lors de notre visite guidée par des riverains. Le premier constat nous a été donné par la réalisation des 400 logements promotionnels COSIDER, érigés à l’entrée de la nouvelle ville. Un projet toujours en cours de réalisation, pourtant lancé en 2018. Et personne ne peut s’aventurer à donner la date exacte de la livraison de ce projet. Un peu plus loin, à travers le site des 837 logements AADL, livrés au mois de décembre 2020, il nous a été donné de remarquer que plusieurs câbles à fibre optique ont été abandonnés. Il nous était révélé que l’entreprise était à l’arrêt depuis quatre mois. Malgré plusieurs doléances adressées au wali délégué, l’entreprise chargée de la réalisation de la fibre optique a abandonné les travaux pour des raisons qui restent inconnues, selon les riverains. Le point commun de plusieurs sites visités, c’est sans aucun doute la qualité des travaux d’aménagement.
L’aménagement des sites fait encore défaut
Des regards apparents surélevés qui représentent un réel danger, alors que les automobilistes doivent slalomer pour les éviter. Au niveau du site des 2.500 logements, à la limite des 837 logements OZKA, existe un problème de déplacement, surtout les locataires des bâtiments A2- 25 et A2- 26, qui comptent une soixantaine de familles. Un problème réel de déplacement des enfants scolarisés vers l’arrêt de bus du côté du Bloc B 16. Les résidents ont proposé la réalisation par l’AADL qui a en charge la réalisation des voies et réseaux divers (VRD) primaires, secondaires et tertiaires. Ils proposent des escaliers urbains qui seront une sorte de raccourci, pour faciliter le déplacement des citoyens et des élèves pour rejoindre leur bus. Alors qu’en contrebas de ce site, se trouvent les 2.000 logements publics locatifs (LPL) dont le site n’a pas fière allure. De visu, un aménagement catastrophique avec un manque flagrant de garde-corps dans les murs de soutènement qui protègent les constructions et c’est aussi un risque de chutes d’une hauteur évaluée de 5 à 6 mètres. Nos interlocuteurs pointent du doigt la direction de l’urbanisme, de l’architecture et de la construction (DUAC) qui date de 2020 et les regards en nombre considérable sont toujours apparents jusqu’à 70 cm de hauteur par rapport à la voie carrossable. C’est le cas également des 2.000 logements sociaux, dont les travaux d’aménagement ont été abandonnés, nous dit-on, depuis 2017.
L’abandon du projet du bassin de décantation : une catastrophe écologique
Autre aberration constatée, le projet de la réalisation d’un point de rejet des eaux usées de milliers de logements qui a été abandonné par une entreprise privée et sans être sécurisé, laissant derrière elle un piège mortel et une catastrophe écologique toujours présente et passée sous silence. Il faudrait rappeler que ce chantier abandonné a provoqué la mort par noyade d’un enfant de 12 ans au mois de mai 2022. Le phénomène des logements inoccupés est toujours présent, pour certains depuis 2017 notamment l’îlot 5 avec ses quatre tours au nombre de 220 logements, distribués le 1er novembre 2021 et qui sont vides de leurs propriétaires ainsi que l’îlot 2 des 1.026 au nombre de 171 logements. Alors que d’autres logements habités depuis le mois de juillet dernier particulièrement les deux îlots, 1 qui compte 280 logements AADL et 3 avec 173 unités, livrés le mois de juillet 2022, mais aussi quelques ilots du quota des 1.241 du site 2.000 OZKA, ne sont toujours pas alimentés en gaz naturel à cause des réserves émises par la SADEG, selon la règlementation en vigueur à savoir, les colonnes ne seraient pas aux normes. Ainsi, le cadre de vie dans cette nouvelle ville reste à améliorer. Les préoccupations des habitants de la nouvelle ville sont nombreuses, elles ont trait au ramassage des ordures, le transport qui fait grand défaut, mais aussi celui des écoliers qui sont sortis dans la rue pour manque de bus, dont certains écoliers résident à plusieurs kilomètres de leurs établissements. Alors que, devant l’ampleur des problèmes, des citoyens se sont organisés en associations pour se prendre en charge par l’organisation, chaque week-end de campagnes de propreté à travers certains sites, « en attendant que les pouvoirs publics réagissent », nous dira un jeune cadre qui s’est dit regretter d’avoir choisi de résider dans cette cité.