Les prix des œufs ont atteint des niveaux inédits en Algérie, frôlant les 700 dinars le plateau, provoquant une vive inquiétude chez les consommateurs. Pour Ali Benchaïba, président de la Fédération nationale des aviculteurs, cette situation alarmante s’explique par une combinaison de facteurs saisonniers, sanitaires et administratifs qui déstabilisent profondément la filière avicole nationale.
Une demande accrue et une production affaiblie
Selon Benchaïba, la flambée actuelle des prix trouve d’abord son origine dans la hausse saisonnière de la consommation, notamment avec la rentrée scolaire et universitaire. Les cantines, restaurants et ménages augmentent leurs besoins, alors même que la production recule nettement. Plusieurs élevages font face à la propagation de maladies aviaires, phénomène que le responsable qualifie de « répandu mondialement », nécessitant un accompagnement rapide et rigoureux des éleveurs pour éviter un effondrement de la production.
Cette baisse de l’offre, conjuguée à une demande soutenue, a créé un déséquilibre qui pousse les prix à la hausse sur les marchés. Benchaïba appelle à un suivi vétérinaire renforcé et à une meilleure coordination entre les autorités et les producteurs pour maîtriser cette situation.
Les viandes blanches également concernées
Le président de la Fédération note que la même tendance s’observe pour les viandes blanches, dont le prix du kilogramme atteint désormais 400 dinars. Outre les maladies et le désengagement de certains éleveurs, une décision administrative récente a accentué la crise : l’interdiction faite aux coopératives et éleveurs d’importer les intrants nécessaires à l’élevage, faute de registre de commerce. Cette mesure, décidée par le ministère du Commerce extérieur, a entraîné un blocage de l’approvisionnement et aggravé la tension sur le marché.
Face à cette impasse, la Fédération nationale des aviculteurs a saisi l’Union nationale des paysans algériens (UNPA), qui est intervenue auprès du ministère de l’Agriculture. Une réunion de concertation avec le ministère du Commerce extérieur a été organisée, et ses conclusions sont attendues prochainement. Benchaïba espère que ces échanges aboutiront à un déblocage rapide de la situation afin de stabiliser les prix.
Une modernisation nécessaire du secteur avicole
Pour le président de la Fédération, cette crise traduit un manque d’organisation structurel. Il pointe du doigt l’absence d’un accompagnement efficace des éleveurs, la lenteur de la régularisation administrative et le déficit d’une stratégie nationale de stockage et de régulation. Il salue, toutefois, la volonté du ministre de l’Agriculture, Yacine Oualid, de numériser le secteur afin de mieux identifier les éleveurs et suivre les flux de production.
Ali Benchaïba considère que la numérisation permettra d’assurer une meilleure traçabilité et une gestion plus rationnelle du marché, tout en réduisant les risques de spéculation. Elle contribuerait également à restaurer la stabilité d’un secteur stratégique pour la sécurité alimentaire du pays.
En attendant des mesures concrètes, les consommateurs subissent de plein fouet la flambée des prix. Le plateau d’œufs, autrefois produit de base, est devenu un symbole des déséquilibres profonds qui minent la filière avicole algérienne.
Par : S.A.B.












