Hier soir, le Théâtre régional Azzedine Medjoubi d’Annaba a abrité la représentation de la pièce « Kilab La Tanbeh » (Les chiens n’aboient pas), une œuvre en lice dans le cadre de la compétition du Festival national de la production théâtrale féminine.
Cette pièce, produite en 2025 par l’Association culturelle El Manara de Corso (Boumerdès), est le fruit du travail du dramaturge et metteur en scène Walid Abdellah. Elle bénéficie du soutien du Fonds national pour le développement des arts et des lettres et s’appuie sur une scénographie conçue par Chebata Samia.
Dans un registre psychodramatique, Les chiens n’aboient pas met en lumière le combat intérieur d’une femme marquée par un passé douloureux. L’intrigue suit Warda, interprétée par Ferial Medjaji, qui apparaît dès l’ouverture de la pièce enfermée dans une cellule sombre, prisonnière de ses souvenirs et de ses blessures profondes. Elle tente de comprendre les événements qui l’ont menée à envisager la vengeance contre son époux infidèle.
Le récit, porté par une construction dramatique progressive, dévoile peu à peu les conflits qui animent l’héroïne, en confrontation avec les figures masculines de son entourage : Maître Rostom (Farid Ghalem), un avocat incarnant la parole de la défense et de l’accusation, le geôlier (Abdelaziz Kassed), symbole de l’oppression, et le mari assassiné (Issam Bouakkaz), dont l’ombre hante l’esprit de l’héroïne, exacerbant le duel intemporel entre l’homme et la femme.
À travers un jeu subtil entre dialogues, monologues et expressions corporelles, la mise en scène de Walid Abdellah déconstruit les stéréotypes et expose les violences subies par les femmes. La scénographie immersive traduit l’atmosphère oppressante de l’enfermement, reflétant les tourments psychologiques du personnage principal. L’espace scénique réduit, la pénombre, le décor carcéral et l’usage des lumières accentuent la tension dramatique, illustrant la lutte d’une femme contre ses démons intérieurs et un système qui la condamne.
En mettant à nu les blessures de son héroïne, Les chiens n’aboient pas offre une réflexion puissante sur les mécanismes de domination et le poids du passé dans les trajectoires individuelles. Une œuvre captivante qui a su marquer le public du festival par son intensité et sa profondeur émotionnelle.
Par : I.S