Le Provincial a eu l’occasion de rencontrer Houssem Manem, surnommé «le cavalier de la ville», dans son espace de prédilection : un cadre verdoyant, situé à la Caroube. Chaque jour, Houssem se retrouve dans cet écrin de nature avec ses trois chevaux. Cet amoureux de l’équitation partage ce lieu paisible avec Abdelghani Bachouche, son adjoint. Ensemble, ils prennent soin de Suzane, une jument anglo-arabe âgée de 7 ans, Chourouke, une jument de race arabe barbare de 5 ans, et un jeune cheval de 3 ans encore sans nom. Pour Houssem, cet endroit représente plus qu’un lieu de travail : c’est un sanctuaire où il vit pleinement sa passion tout en la partageant avec les habitants d’Annaba.
Une passion transmise dès l’enfance
C’est auprès de son grand frère que Houssem a découvert son amour pour les chevaux. Dès l’âge de 12 ans, il s’est initié à l’équitation dans un club hippique situé à El-Tarf, avant de poursuivre sa formation à Annaba. Déterminé et autodidacte, il a perfectionné ses compétences à travers des lectures, des voyages et une participation active à diverses compétitions équestres. Aujourd’hui, il est non seulement cavalier, mais également entraîneur d’équitation, reconnu par la Fédération équestre algérienne. Contrairement à certains, il préfère appliquer les normes équestres internationales, qu’il considère comme un cadre universel garantissant sécurité et respect du cheval.
« Le cavalier de la ville » : une identité bien ancrée
Le surnom «le cavalier de la ville» lui a été attribué par des enfants fascinés par ses promenades à cheval dans le centre-ville. En voyant ce jeune homme, souvent vêtu d’un pull arborant ce titre, ils l’ont rapidement adopté. Ce surnom est devenu sa marque de fabrique et le suit encore aujourd’hui. Sa popularité a véritablement émergé lorsqu’il a commencé à se rendre à la plage Chapuis avec son cheval. Petit à petit, les passants se sont rapprochés, intrigués par ce majestueux animal, et ont souhaité immortaliser ces rencontres par des photos. Une simple page Facebook où il partageait des clichés de ses chevaux a rapidement propulsé sa notoriété, attirant un public diversifié de toute la région.
Une pédagogie axée sur la simplicité et la générosité
La philosophie de Houssem repose sur l’accessibilité. Conscient que beaucoup de personnes ressentent une appréhension face aux chevaux, il met un point d’honneur à les rassurer. Avec une approche douce, il leur permet de monter en toute sérénité dès la première fois. Fait remarquable, Houssem n’exige pas de tarif fixe pour les balades ou les photos. Il laisse chacun donner selon ses moyens et n’hésite pas à offrir gratuitement ses services à ceux qui n’ont pas les moyens de payer. Pour lui, l’objectif dépasse les considérations matérielles : il souhaite démocratiser l’équitation à Annaba et faire de toute la ville un immense club où chaque citoyen pourrait se découvrir cavalier.
Suzane : une jument pas comme les autres
Parmi ses trois chevaux, Suzane, une jument anglo-arabe de 7 ans, occupe une place toute particulière dans le cœur de Houssem Manem. Leur relation dépasse le simple cadre cavalier-cheval ; elle incarne une véritable symbiose, empreinte de confiance et de partage. Houssem décrit ce lien unique comme une connexion où le cheval ressent les émotions de son cavalier, qu’il soit heureux ou confronté à des moments difficiles, et se tient toujours à ses côtés.
Une anecdote illustre la force de cette relation : lorsqu’un cheval de Houssem s’est égaré dans une zone difficilement accessible, c’est grâce à Suzane qu’il a pu le retrouver. Bien que d’habitude silencieuse, la jument s’est mise à hennir, établissant un dialogue instinctif avec l’animal perdu, qui a répondu par ses propres hennissements. Ensemble, Houssem et Suzane ont réussi à localiser et à sauver le cheval. Mieux encore, lorsque la situation semblait insurmontable, Suzane a offert son aide pour tirer l’animal hors du piège, démontrant ainsi une intelligence et une loyauté hors du commun.
Pour Houssem, cette relation va au-delà du sport. Elle représente un partenariat émotionnel où le cheval se révèle être bien plus qu’un compagnon d’équitation, mais un véritable soutien dans les épreuves de la vie.
Une polyvalence artistique
Au fil du temps, l’équitation a ouvert à Houssem Manem les portes de nouvelles passions. Fasciné par l’idée de capturer des souvenirs pour ses visiteurs, il s’est initié à la photographie. Cette pratique l’a conduit à explorer l’univers de l’audiovisuel, où il a commencé à produire des courts-métrages mettant en scène ses chevaux. C’est d’ailleurs dans ce cadre qu’il a eu l’occasion de travailler avec Ahmed Hamel, réalisateur et professeur de photographie et d’audiovisuel.
Toujours curieux et avide de nouvelles expériences, Houssem s’est également retrouvé devant l’objectif lors d’un casting de mannequinat. Alors qu’il était initialement présent pour prendre des photos, il a découvert qu’il répondait lui-même aux critères exigés. Cette découverte l’a conduit à participer à son premier défilé de mode, qu’il a remporté avec succès. À travers ces multiples expériences, Houssem continue d’explorer de nouveaux horizons tout en restant fidèle à sa passion première : l’équitation.
Un sport aux multiples bienfaits
Pour Houssem, l’équitation est bien plus qu’un loisir : c’est un art de vivre aux vertus innombrables. Il encourage les jeunes, et particulièrement les enfants, à s’y initier dès le plus jeune âge pour bénéficier de ses nombreux avantages. Il souligne que ce sport renforce la confiance en soi, réduit le stress, et peut même être thérapeutique pour des pathologies comme l’autisme. Il insiste également sur l’importance de choisir un bon entraîneur et de respecter les mesures de sécurité. Pour lui, s’occuper d’un cheval, partager une balade ou simplement passer du temps à ses côtés sont des expériences inestimables qui apportent une sérénité inégalée.
Des rêves modestes, mais ambitieux
Lorsqu’on interroge Houssem sur ses aspirations futures, il répond avec modestie : il a déjà accompli son rêve. Ce qu’il souhaite maintenant, c’est continuer à vivre de sa passion et à partager son amour pour l’équitation avec le plus grand nombre. Malgré les obstacles rencontrés, il reste déterminé à promouvoir ce sport noble et à faire découvrir aux habitants d’Annaba le bonheur que procure la relation unique entre un cavalier et son cheval.
Par : Ikram Saker