Le directeur général de l’Entreprise portuaire d’Annaba (EPAN), Riad Bouhafs, vient d’être relevé de ses fonctions. Son limogeage lui a été officiellement notifié, avant-hier, dimanche, en fin de journée, par le département de Mohamed Lahbib Zahana, ministre des Transports.
Selon une source proche de l’entreprise, l’intérim du poste est assuré par Djamel Eddine Atchi, directeur général-adjoint (Dg-a). Il est vrai que le désormais ex-Dg d’Annaba, nommé à ce poste depuis seulement une année presque, jour pour jour, est passé par plusieurs zones de turbulences, notamment l’état de léthargie incompréhensible que connaît la toute nouvelle gare maritime, en arrêt depuis 2017, puis inaugurée au mois de juillet 2023.
Une infrastructure qui a coûté des milliards au Trésor public, sans dessertes maritimes depuis le début de 2024. Selon certaines indiscrétions, ce qui a précipité son départ, c’est, sans conteste, la dernière visite du Secrétaire général du ministère des Transports, Djamel Eddine Abdelghani Dridi. Ce dernier a été hors de lui en constatant le manque de coordination et de collaboration entre les différents départements.
Il faudrait rappeler que, lors de son installation, Riadh Bouhafs ne mesurait pas les défis qu’il l’attendaient ; d’un port datant de l’ère coloniale, et de l’état de fragilité que présentent plusieurs quais du port commercial. Ce qui lui a valu un manque à gagner de plusieurs milliards de dinars. Cela a eu pour conséquence une baisse de 53% de ses revenus par rapport à l’année précédente. Plusieurs de ses clients ont été récupérés par d’autres ports concurrents, notamment celui de Skikda.
L’ex-Dg a vécu un mouvement de contestation des 200 agents du personnel navigant de la direction de la Capitainerie. Ils ont paralysé le port commercial en février dernier, durant quatre jours. Ils ont déclenché une grève illimitée pour des revendications socio-professionnelles. L’essentiel des revendications a porté sur l’application du plan de carrière sous sa forme proposée par le partenaire social, sur l’indemnité de travail de nuit en application de l’article 27 de la loi n°90-11 du 21 août 1990 relative aux relations de travail, mais aussi la révision d’un certain nombre de primes.
Devant cette situation de blocage du dialogue, les grévistes dénoncent la marginalisation pratiquée par la direction générale, son rejet à tout consensus à l’égard du personnel de la capitainerie et les deux poids deux mesures de ces responsables. Durant ce mouvement, les protestataires n’ont cessé de réclamer le départ du Dg. Il est nécessaire de souligner que ce débrayage a engendré un énorme préjudice financier pour les quatre journées de grève.
Ainsi, ce limogeage intervient au moment où les pouvoirs publics misent grandement sur l’importance économique du port d’Annaba en matière d’exportations hors hydrocarbures. La réalisation, dans ce port, d’un quai minéralier connecté à la voie ferrée est entamée dans le cadre du projet d’expansion. Le «projet phosphates intégré», le plus grand projet d’investissement dans le domaine des engrais, consolidera l’importance économique du port d’Annaba en matière d’exportations hors hydrocarbures.
Par : A.Ighil