Les conséquences de la fermeture par l’Algérie de son espace aérien au Mali seront lourdes. Non seulement l’Algérie a interdit le trafic aérien aux compagnies maliennes, mais l’interdiction va bien au delà.
Désormais les liaisons aériennes, de vers et en allant vers Bamako, et traversant l’espace aérien algérien, sont désormais proscrites. Une réponse forte et intransigeante aux déclarations du régime putschiste du Mali, appuyées par les Etats du Sahel, incluant le Niger et le Burkina Faso.
En pratique, l’interdiction du trafic aérien, décidée par l’Algérie, induira l’interdiction de trois vols directs par semaine entre les deux pays, selon Siéga Diarra, journaliste malien spécialisée des affaires du Sahel.
En 2023, plus de 25 000 voyageurs maliens passaient par l’aéroport d’Alger pour rejoindre l’Europe, la Turquie ou l’Asie, précise-t-il. Cette fermeture poussera, selon lui, ces voyageurs à utiliser des itinéraires plus longs et plus coûteux via Lomé, Abidjan ou Casablanca. Pour Diarra, le corridor aérien Bamako-Alger «était également utilisé pour le transport de marchandises stratégiques telles que le matériel médical, les produits agro-industriels et les pièces détachées mécaniques ».
Dans un post publié sur la plateforme X, M. Diarra a souligné que la fermeture de ce corridor « entraînera une augmentation des coûts logistiques pour les entreprises maliennes de l’ordre de 15 à 25 % ». L’Algérie a, dit-il, servi depuis longtemps de plateforme de contacts indirects dans les échanges commerciaux et les opérations d’aides humanitaires. Selon les données de l’ONU, les échanges commerciaux entre le Mali et l’Algérie en 2024 ont chuté à 22 millions de dollars, contre 67 millions de dollars en 2016. La fermeture de l’espace aérien pourrait, ainsi, conduire à ce que ce chiffre passe sous la barre des 10 millions de dollars en 2025.
Le sud de l’Algérie (Tamanrasset, Bordj Badji Mokhtar) accueille chaque année plus de 5 000 commerçants et travailleurs maliens.
La fermeture entraînera une escalade des tensions à la frontière terrestre. Aussi, les familles maliennes résidant en Algérie « auront du mal à rendre visite à leurs proches, à se faire soigner et à participer aux funérailles», note M. Diarra.
Par : Akram Ouadah