L’artiste Ali Aouchal, fils du maestro Hacène El Annabi, sort de son silence pour contester sa mise à l’écart par les chargés de la programmation du secteur de la Culture et dénonce la suppression du festival local Hacène El Annabi qui a précédemment connu 16 éditions.
En effet, le texte qu’il a publié sur son compte Facebook porte un message très clair, il déclare : « Je n’aime pas trop me vanter d’être le fils de l’un des maitres de la musique andalouse, en l’occurrence Cheikh Hacène El Annabi, et j’ai toujours fait profil bas en raison de ma timidité et de l’éducation qui m’a été donnée par mon défunt père. Mais à l’heure d’aujourd’hui, je constate avec désolation qu’il existe des personnes qui n’ont aucun respect, ni envers l’artiste que je suis, puisque je suis mis à l’écart par les chargés de la programmation depuis plus de 4 ans, ni pour la mémoire de mon défunt père puisque le festival Hacène El Annabi qui était organisé chaque année a été banni des fêtes de la wilaya. Aussi, j’interpelle ici ces personnes-là pour leur dire honte à vous, le nom d’une sommité à l’instar de Cheikh Hacène, ne doit pas être effacé de la mémoire des Bônois ».
Contacté par Le Provincial, l’artiste Ali Aouchal explique : « Les chargés de la programmation au niveau de la direction de la culture et des arts de la wilaya de Annaba, ainsi que ceux de l’APC Annaba me connaissent, en ma qualité d’artiste ayant une carrière respectable. Je me pose des questions sur les raisons de mon exclusion, dans ma propre ville, de toutes les fêtes qu’ils organisent depuis près de 4 ans». Il rajoute : « Il est vrai que l’on rende hommage occasionnellement à mon défunt père, mais le festival Hacène El Annabi qui était organisé par l’Office communal pour la culture et le tourisme de l’APC de Annaba n’existe plus ! C’était un évènement important qui réunissait artistes bônois et élèves du grand Cheikh Hacène El annabi. C’était un lieu de partage et d’échange, où l’on pouvait transmettre son héritage à la nouvelle génération. Par conséquent, c’est une partie de notre identité locale et nationale qui risque ainsi de s’effacer »
Les responsables s’expliquent
Contacté par téléphone, le directeur de la culture et des arts de la wilaya de Annaba, Ahcène Tlilani, précise : « Je tente de satisfaire les besoins des artistes annabis dans les limites des moyens et budgets qui nous sont alloués. Nous avons rendu hommage au Cheikh Hacène El annabi il y a quelques mois. En ce qui concerne le cas de l’artiste Ali Aouchal, il a été programmé lors de la dernière édition du festival national de la musique citadine, mais il a refusé d’y participer ». Nous avons recontacté l’artiste Ali Aouchal, il affirme qu’aucune intention n’a été exprimée pour le programmer dans le festival national de la musique citadine. Il a par contre refusé de participer à un évènement local beaucoup moins important et qui ne le valorise pas.
Par ailleurs, nous avons tenté de prendre langue avec le directeur de la culture, du tourisme et de l’artisanat de la commune d’Annaba, pour avoir des explications sur le sujet, mais nos appels et message sont restés sans réponse.
Selon des sources proches des responsables au niveau de la dite direction, le manque de budget suite à la suppression de l’Office communal de la culture en est la principale cause. Une association a été créée « l’association de la commission des fêtes de la commune de Annaba » pour pallier au problème de financement et pouvoir organiser des soirées artistiques. Ça reste insuffisant !
Aux dernières nouvelles, la direction de la culture et des arts, qui suit de près les pages des réseaux sociaux des artistes et journalistes bônois, a positivement réagi en invitant l’artiste Ali Aouchal au bureau du directeur pour essayer de trouver un terrain d’entente et discuter de la possibilité d’instituer une manifestation culturelle pour préserver le patrimoine de Hacène El Annabi !
Il est important de rappeler qu’avec la suppression du festival Hacène El Annabi, c’est un espace d’échange intergénérationnel qui part. C’est également un public que l’on prive de bons spectacles, mais plus grave encore, c’est la mémoire de Annaba qu’on ignore et qui risque de tomber aux oubliettes. Qui en assumera la responsabilité ?
Par :Fatima Zohra Bouledroua