Annaba ne dispose pas de feux tricolores ni de passages protégés et la régulation de la circulation automobile se fait toujours de manière anarchique. Aucun répit pour les piétons.
Le comportement « incivique » des piétons qui traversent loin des passages protégés, a souvent été mis en cause pour justifier de l’anarchie que peut être la circulation en ville. Le piéton est pointé du doigt mais a-t-il seulement le choix ? En dehors de quelques passages bien dessinés aux alentours de la wilaya, qu’en est-il pour le reste de la ville. Traverser pour un piéton est une gageure. Faute de passage qui lui est dédié, il est contraint de traverser où il peut et quand il peut. Aux heures de pointe cela ne relève plus de la gageure mais… du danger. Les feux tricolores sont avant tout, et depuis toujours, un moyen de réguler le trafic. Ils donnent à chacun des règles à suivre et ils permettent l’application du Code de la route. En l’absence de feux tricolores, pourra-t-on confier sa sécurité uniquement au civisme de l’autre ?
Traverser la rue devient un dilemme
Pas de feux tricolores, pas d’agents de police pour réguler le trafic et pas de passages protégés ou alors quand ils existent ils sont quasiment effacés. Si l’on se réfère au code de la route, le piéton qui traverse est dans tous ces droits vu qu’il n’existe que très rarement des passages prévus à leur intention à moins de 50 mètres. Et quand il n y en a, même quand une personne est engagé, les voitures ne s’arrêtent pas. Les automobilistes se considèrent prioritaires. Sauf que ne pas céder le passage à un piéton est une infraction. Mais qui va leur rappeler?
Circuler à pieds à Annaba, n’est pas une sinécure. Pourtant, les règles du Code de la route font des piétons des usagers très protégés. Ils sont donc toujours prioritaires sur la chaussée, quelles que soient les circonstances, et ce, pour des raisons évidentes de sécurité.
Pas de commodités pour les piétons
Si, au centre-ville, on parle d’insuffisances, dans les quartiers périphériques et les nouvelles cités, la régulation et les commodités pour les piétons sont parfois inexistantes.
Actuellement, boulevard de l’Afrique, les trottoirs sont défoncés pour cause de travaux. Rien n’est prévu pour les piétons : aucune signalétique, aucun passage. Des piétons disputent des pans de la chaussée aux automobilistes qui expriment leur mécontentement à coup de klaxons bruyants, à longueur de journée. A croire que le plan de circulation, s’il existe, ne prévoit que les véhicules.
Le piéton est quelque peu le parent pauvre de tous les plans de circulation établis et révisés régulièrement par les autorités. Bien que le Code de la route ait tout prévu, les autorités donnent l’impression de faire comme si le piéton n’existait pas.
Quand il veut déambuler en ville, seul ou en famille, faire des courses ou aller seulement vers son lieu de travail, il ne trouve pas toutes les commodités et facilités. Et quand il fait preuve d’incivisme, il n’est pas inquiété. Même lorsque les passages protégés existent, ils ne sont respectés ni par les automobilistes dont certains roulent à vive allure au mépris de la réglementation, ni par les piétons qui parfois font preuve d’impatience et mettent leur vie en danger.
Et au niveau des établissements scolaires ?
Si l’on prend l’exemple de la cité Kouba, parmi les personnes les plus exposées au grand danger qu’est de traverser tout simplement une rue, il y a les élèves de tous les établissements qui se trouvent alentours ; écoles, collèges, lycée. Ils traversent quotidiennement la rue pour se rendre à leur établissement, mais là encore pas de passages protégés, pas de feux et pas d’agents. Les voitures sont reines, pire encore, personne ne ralenti. Les personnes âgées ne sont pas en reste. Le va-et-vient incessant des véhicules et le manque de régulation de la circulation rendent leurs déplacements particulièrement pénibles. Les voitures circulent à vive allure sur cette route à double voie, ce qui met en danger la vie des piétons, et les passages piétons sont rares et les feux tricolores inexistants. Pourtant, le boulevard est bordé de restaurants, d’une clinique privée, de superettes, de collèges, mais les piétons n’ont pas leur place ici. Comme d’ailleurs dans la plupart des quartiers et boulevards de la vile. A croire que tout est fait pour que les voitures continuent d’envahir les villes, au détriment des piétons et des habitants.
Les passages protégés restent le seul moyen de pouvoir se déplacer en sécurité en ville : les piétons, les malvoyants ou encore les personnes à mobilité réduite. Pour cette catégorie
d’usagers, leur absence, fait régner la loi du plus fort et donner la priorité à ceux qui se sentent le moins en danger.
R.C