Le 28e Salon international du livre d’Alger a célébré, vendredi, le centenaire de la naissance d’Abdelhamid Benhedouga, figure majeure du roman algérien d’expression arabe.
La rencontre a réuni écrivains, chercheurs et critiques autour d’un même constat : un siècle après sa naissance, l’auteur de “Rih El Djanoub” reste d’une actualité saisissante.
Pour l’écrivain Waciny Laredj, Benhedouga est “le véritable fondateur du roman algérien d’expression arabe”. Il a su donner à ce genre une identité esthétique complète, en phase avec son époque et les bouleversements de la société. Dans “Rih El Djanoub”, son regard lucide sur les désillusions de l’après-indépendance révélait déjà une conscience critique rare. Anis Benhedouga, fils de l’écrivain, a livré un témoignage empreint d’émotion sur “un homme né entre deux guerres mondiales, témoin et acteur d’une époque mouvementée”. Il a évoqué la destruction de la bibliothèque familiale par l’armée coloniale, épreuve qui n’a fait qu’accroître la passion de son père pour la culture. Par l’écriture et la radio, Abdelhamid Benhedouga reconstruisit ce patrimoine spirituel, signant plus de deux cents pièces radiophoniques, dont plusieurs consacrées à la Révolution. “Rih El Djanoub”, estime-t-il, demeure une œuvre intemporelle, capable de parler à chaque génération.
La chercheuse Samia Idriss a rappelé la diversité du parcours de Benhedouga, à la fois romancier, nouvelliste et poète. Pour elle, son écriture, profondément réaliste, accompagne les transformations sociales de l’Algérie tout en plaidant pour une réconciliation entre ses composantes culturelles. Le critique Bakhti Dhaifallah a conclu que relire Benhedouga aujourd’hui, c’est redonner sens à une œuvre qui n’appartient pas au passé mais continue d’interroger la société contemporaine.
De la littérature à la radio, tous s’accordent : un siècle plus tard, la voix de Benhedouga résonne encore avec force.
Par : R.C












