Par : M.Rahmani
A Annaba, en ce jour d’Aïd el Fitr marquant la fin du mois sacré de Ramadhan et, en ces temps de Covid-19, la ville était presque déserte, n’étaient les quelques rares voitures qui passaient en trombe ou des piétons pressés à la recherche d’une épicerie ou une boulangerie ouverte.
Il faut dire que l’activité était au point zéro avec des rideaux baissés, des taxis à l’arrêt et des transports publics réduits à quelque bus brinquebalants, bref, une ville fantôme.
Dans les quartiers populaires, à l’écart du centre-ville, Vieille Ville, cité Saf Saf, La Colonne, Cité Auzas ou encore El Fakharine et Bouguantas, c’est la fête. Oubliant les mesures de protection, on s’embrasse à tout va, on se souhaite un joyeux Aïd, on rend visite aux proches et aux voisins. Les enfants habillés de neuf et arborant fièrement leurs jouets étaient joyeux et couraient dans tous les sens, emplissant de vie ces quartiers.
En l’absence de tout contrôle de la direction du commerce, quelques rares magasins sont ouverts, on s’approvisionne en produits de première nécessité mais point de pain. Une situation qui a obligé les pères de famille à parcourir des kilomètres à la recherche de la fameuse baguette, devenue introuvable en cette journée.
En effet, sur la soixantaine de boulangeries désignées pour assurer la permanence, très peu ont ouvert vers midi pour vendre une ou deux fournées et encore, pour 20 DA la baguette. Les clients forcés et contraints ont dû abdiquer face à ce forfait et ont payé la baguette à ce prix ; ceux qui sont arrivés en retard ont dû rentrer bredouilles pestant contre cette situation. Ce qui est étonnant, c’est que le pain est disponible et en quantité aux alentours du marché couvert où des corbeilles pleines à craquer sont sur les trottoirs exposées au soleil et à la poussière. La baguette est cédée à 30 DA, un père de famille qui doit en prendre une dizaine devra « casquer » 300 DA autrement, il rentrera sans la précieuse denrée.
L’explication de cette situation se trouve du côté des boulangers qui préfèrent vendre cette quantité directement à ces vendeurs maintenant établis et non plus à la sauvette comme on les qualifiait. Un marché gagnant/gagnant puisque l’artisan vend l’unité à 12 /15 DA et le revendeur à 30 DA et c’est le pauvre consommateur qui paye tout. Un manège qui dure depuis des années sans que les agents de l’Etat n’interviennent.
La pénurie du pain s’explique aussi par le fait que les artisans boulangers rentrent chez eux une ou deux journées avant la fête, la plupart habitent loin et préfèrent passer l’Aïd parmi les leurs, abandonnant leur travail, si bien que le propriétaire de la boulangerie est obligé de fermer quitte à payer l’amende (près de 200.000 DA). « Mes employés rentrent chez eux, ils ne veulent pas rester malgré le fait que je leur propose des primes conséquentes et je me retrouve dans le «pétrin ». D’un côté, je suis obligé d’assurer la permanence et de l’autre, je n’ai pas d’employés ».
Pendant ce temps, pour le consommateur c’est la galère, la quête de la baguette se poursuit.
Ce n’est qu’hier que la situation s’est quelque peu améliorée avec l’ouverture de quelques boulangeries et magasins d’alimentation générale.
Pour les épiceries “le mal” est moindre puisque même si certains ne sont pas concernés par la permanence, les magasins sont restés ouverts particulièrement au niveau des quartiers populaires, beaucoup plus du fait de relations et de liens qui se sont tissés durant des années que par obligation. Les produits sont disponibles et aux prix habituels sans aucune majoration et ce, au grand bonheur des consommateurs.
Pour les pharmacies, il n’y a pas eu vraiment de pression puisque celles désignées pour assurer la permanence, ont respecté la consigne et plus encore puisqu’ il y en a d’autres qui ont ouvert pendant ces 2 jours et ont été au service des citoyens. Et donc, le problème des permanences à Annaba se situe au niveau des boulangeries, la direction du commerce devra sévir avec rigueur pour qu’à l’avenir, ces commerces devront se conformer scrupuleusement aux consignes, autrement ce sera encore la pagaille.