L’Algérie commence depuis quelques temps à s’investir sérieusement dans la préservation et la protection de l’environnement à travers plusieurs mécanismes. La politique du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, basée sur l’économie de la connaissance à travers l’encouragement des start-ups innovantes a fait en sorte que de nombreux porteurs de projets s’intéressent à ce créneau porteur qu’est le traitement de déchets.
Mais l’entreprendrait en Algérie n’est pas un long fleuve tranquille. Les entraves bureaucratiques et le sabotage des entreprises innovantes ne sont pas rares. C’est en tout cas, ce que dénonce un jeune entrepreneur d’Annaba, qui a décidé de mettre ses compétences au service des besoins du marché algérien en créant une société spécialisée dans le traitement des Déchets d’Activités de Soins à Risques Infectieux (DASRI).
Une entreprise qui a, dès les premiers mois de sa création, réussie à être conventionnée avec de nombreux établissements publics et privés pour traiter les déchets médicaux au niveau des wilayas d’Annaba, El-Tarf et Guelma, pour préserver la santé publique.
Créée en 2017, dans le cadre du programme ANSEJ, l’entreprise « Environnement Protect » avait au bout d’un long parcours du combattant, réussi à avoir tous les agréments et autorisations nécessaires avant de commencer effectivement le travail et multiplier les marchés. Un parcours du combattant qui aura coûté plus de 2,4 millions de dinars, rien qu’en frais de location du site, durant les
deux années qu’avaient nécessité les démarches bureaucratiques. Aujourd’hui, une année après la fermeture de l’entreprise, l’entrepreneur continue de payer 100.000 da mensuels pour garder le site de « Environnement Protect » en espérant que celle-ci rouvre ses portes un jour.
L’entrepreneur qui a vu son projet être mis sous scellés, et qui a été poursuivi en justice pour la mauvaise gestion des déchets qu’il était censé traité, crie aujourd’hui au sabotage. « Un sabotage », qui risque de lui coûter au moins un an de prison ferme au terme du procès en appel qui l’attend devant la cour suprême.
En effet, à l’origine de la fermeture de l’entreprise, on retrouve deux affaires en justice dans lesquelles l’entrepreneur est accusé d’avoir laissé des déchets résultant d’activités de soins à risques infectieux sur la voie publique.
Acquitté pour le premier procès où il a réussi à prouver que les déchets abandonnés sur la voie publique ne provenaient pas de son entreprise, le patron d’Environnement Protect a vite été rattrapé par une seconde poursuite identique.
Des déchets issus d’un milieu hospitalier se sont retrouvés au milieu d’une cité de H’djar Eddis, non loin du lieu où est établie sa centrale. Au lendemain de cette affaire en justice qui lui a valu une condamnation d’un an de prison ferme, le jeune entrepreneur qui ne cesse de clamer son innocence, crie au scandale mais surtout au sabotage.
En effet, au milieu des déchets retrouvés se trouvait une ordonnance plastifiée provenant d’une clinique avec laquelle Environnement Protect était conventionnée. Petit bémol, la seule ordonnance qui se trouvait dans cet amas de déchets n’est pas conforme, puisque le médecin l’ayant délivrée, a déposé sa griffe et sa signature sur une prescription à X. Aucun nom de patient ne figure sur ce document.
Pour l’entrepreneur, cela ne fait aucun doute, l’ordonnance a été plastifiée pour pouvoir être préservée et l’inculper à coup sûr. Lors du premier procès, l’entrepreneur avait été disculpé, car il n’y avait aucune preuve pouvant faire remonter les déchets retrouvés jusqu’à son entreprise. Pour lui, la présence de cette ordonnance était une rectification de la première tentative de sabotage à laquelle il a réussi à échapper.
Optimiste à l’idée de reprendre son activité qui s’était révélée être très rentable, l’homme espère aujourd’hui que la cour suprême ou simplement les autorités locales, prennent en considération ce qu’il avance.
Rappelons que les déchets médicaux, qui représentent une menace grave et réelle pour la santé publique, doivent être traitées par des entreprises spécialisées. Mais ces dernières ne sont pas courantes, ce qui oblige certains établissements médicaux, notamment privés à recourir à des procédés peu orthodoxes. En effet, de nombreux scandales de ce genre ont éclatés ces dernières années, avec des déchets médicaux jetés en plein air, dans des espaces publics ou brûlés de façon chaotique au niveau des décharges, forêts et autres espaces verts. La création d’une telle entreprise était, pour les établissements médicaux sérieux, une bouffé d’oxygène.
Par : R.C