En attendant le coup d’envoi officiel de la campagne de pêche au thon rouge pour la saison 2025, prévu ce 26 mai 2025, les marchés d’Annaba connaissent déjà une affluence remarquable de ce poisson prisé, abondamment proposé à la vente ces derniers jours.
La wilaya d’Annaba se distingue comme l’une des plus engagées et organisées à l’échelle nationale pour la campagne de pêche. Les autorités locales, en collaboration avec la direction de la Pêche et des Ressources halieutiques, ont mis en place tous les dispositifs logistiques, administratifs et techniques nécessaires pour assurer une participation optimale à cette opération encadrée au niveau international.
Deux navires spécialisés, El Bachir et Ben Boulaïd, ont été sélectionnés pour représenter Annaba après une étude rigoureuse menée par une commission ministérielle conjointe. Ces navires auront pour mission de capturer un quota total de 137 tonnes de thon rouge vivant, une ressource marine à la fois stratégique pour l’économie nationale et sensible sur le plan écologique. Le directeur local de la Pêche, Noureddine Remita, rappelle que ces 137 tonnes s’inscrivent dans un quota national de 2.052 tonnes, réparti entre 39 navires. «Notre priorité est la durabilité : chaque thon pêché doit garantir la pérennité de la ressource pour les années futures», souligne-t-il.
Des inspecteurs embarqueront pour surveiller les prises en temps réel, veillant à ne pas dépasser le quota fixé par la Commission internationale pour la conservation des thonidés (ICCAT). Un enjeu crucial pour préserver cette espèce migratrice, classée «vulnérable», dont la survie impacte tout l’écosystème méditerranéen.
Sur les marchés, l’abondance fait la loi
Pendant ce temps, les étals d’Annaba vivent au rythme d’une surabondance inédite. Hier, lors de notre passage, le kilo de thon rouge se négociait entre 1.500 et 1.600 DA, contre 1.900 DA l’an dernier à la même période. Une baisse attribuable à l’arrivée massive de thons géants (jusqu’à 500 kg), débarqués quotidiennement dans les ports de Skikda, Annaba et El-Tarf. «Si le temps reste stable, les prix pourraient tomber à 1.100 DA, voir moins», prédit un vendeur de la poissonnerie.
Les pêcheurs locaux l’expliquent par une migration précoce des thons vers les eaux algériennes. «Les bancs sont arrivés plus tôt cette année, dès fin avril», note un capitaine de pêche. Ces géants des mers, en route vers la Lybie pour se reproduire, font une halte prolongée le long des côtes Est-algériennes, transformant Annaba en épicentre temporaire de leur trajet.
Cependant, cette pêche locale reste distincte de la campagne réglementée : elle cible les thons «de passage», hors quota ICCAT, via des méthodes traditionnelles. Une pratique tolérée mais encadrée, pour éviter la surpêche.
Avec l’ouverture officielle de la campagne le 26 mai prochain, les professionnels s’attendent à une nouvelle baisse des prix. «Plus l’offre augmente, plus la concurrence entre vendeurs s’intensifie», analyse un grossiste du port de Chetaïbi. Les projections tablent sur un kilo à 1.100 DA si les débarquements se maintiennent.
Par : Ikram Saker