Par : A.A
Les témoignages de ces mères, présentes mercredi dernier au centre Malek Haddad, lieu du séminaire national sur l’émigration clandestine, étaient vraiment bouleversants. La mer d’un stagiaire d’un CFPA, raconte, les larmes aux yeux, l’aventure de son fils qui s’est malheureusement terminée par sa mort, noyé en mer. Il a été poussé, a-t-elle tenu à marteler, par ses amis à prendre la mer et quitter ses parents et son pays. Elle a tenu à assister à cette rencontre afin d’exprimer sa colère et partager son chagrin. Aucune prise en charge n’a été accordée aux familles de ces jeunes, morts noyés en mer, lance-t-elle, avec une pointe de désolation. D’où la nécessité de relancer le débat sur ce brûlant dossier. Initié par l’organisation algérienne des droits de l’Homme, ce séminaire était une opportunité afin de sortir de la loi implacable du silence et de débattre un sujet tabou. L’objectif recherché par cette rencontre, la première à Constantine, était de réunir, d’un côté des spécialistes, des juristes en l’occurrence, et d’un autre, les familles des harraga, pour reprendre les dires des organisateurs. Triste est de constater que la harga, passer par la mer sans papiers, est un mode d’emploi chez la quasi-totalité des jeunes algériens, affirme Mohamed Amine Nia, membre de ladite organisation. Un mot qui veut tout dire, estime-t-il. Et d’expliquer, il signifie, pour le harrag, l’acte de brûler ses papiers et toute relation avec son pays. La complexité du dossier est telle qu’il est nécessaire d’organiser d’autres rencontres-débats, dans les jours à venir, a tenu à ajouter notre interlocuteur. Un avis que Toufik Benzegouta, un membre actif de la société civile, partage également. Et d’appeler, dans ce sillage, à une réelle prise en charge d’un phénomène ayant pris, au fil des mois et des années, des proportions alarmantes. Selon une étude du haut commissariat des réfugiés, la mer méditerranée est la plus meurtrière, ces dernières années.