Par : M. Rahmani
La pression sur le lait en sachet perdure et les pères de familles continuent à cavaler derrière ce précieux liquide qui continue à se faire désirer ; la spéculation, elle aussi s’y est collée comme une sangsue et se nourrit de cette pression, augmentant à sa guise le prix du lait pourtant subventionné.
En effet, il faut se lever tôt et faire la chaine pendant plus d’une heure pour pouvoir acheter son sachet de lait et parfois quand votre tour arrive, la quantité mise en vente est épuisée. Quelques mètres plus loin, c’est le commerce illicite qui prend le relais et vous fougue le sachet de lait à 35 DA, soit 10 DA de plus que le prix fixé par l’Etat, 10 DA nets d’impôts qui vont directement dans la poche de ces vendeurs indélicats qui s’enrichissent chaque jour sur le dos du pauvre citoyen.
Ces quantités de lait, vendues dans la rue, dans des camions frigorifiques ou des triporteurs alors que, dans les épiceries et les magasins ce lait est introuvable, n’est pas pour ainsi dire normal dans la mesure où la production des laiteries est supposée être suivie et contrôlée par les différents services depuis sa sortie d’usine jusqu’à son arrivée au consommateur, en passant par le distributeur et le détaillant au niveau de l’épicier du coin. Selon le directeur du commerce,
la production est communiquée quotidiennement à ses services, le parcours du distributeur est lui aussi suivi et contrôlé pour s’assurer que les quantités de lait ont été effectivement distribuées pour approvisionner les détaillants et donc, normalement le problème de pénurie ou de pression sur le produit ne se pose pas.
L’explication de cette pression vient du fait que les quantités de poudre de lait que l’Office des laits met à la disposition des laiteries au niveau national sont très en deçà de la demande exprimée, ce qui donne lieu à une production insuffisante pour couvrir les besoins des populations. De ce fait, la pression s’installe et perdure et il faudrait dans ce cas augmenter les quantités mises à disposition en important encore plus, de sorte à en finir avec cette pression. Parallèlement, il faudra mettre en place d’autres mesures incitatives pour la production locale de lait, telles que l’augmentation des subventions accordées aux producteurs, aux collecteurs et aux transformateurs ainsi que la baisse des prix des aliments du bétail et ainsi arriver à une autosuffisance à même de mettre fin à ces pénuries.
Une autre explication de cette situation est à chercher du côté des distributeurs et des détaillants qui se « solidarisent » dans la spéculation en acceptant qu’ils ne soient pas livrés pour ensuite vendre les quantités au marché noir et ainsi gagner plus et, bien sûr c’est le pauvre père de famille qui paye comme toujours. Il y a aussi cette fraude sur la qualité des sachets de lait vendus qui tiennent beaucoup plus de l’eau colorée en blanc que du lait qui sont vendus le plus normalement du monde. Une qualité physicochimique qui ne répond pas aux normes, car la quantité de poudre utilisée qui est normalement de 103 grammes pour un litre de lait reconstitué est réduite à près de 50 % pour augmenter le nombre de litres de lait en sachet mis en vente et ainsi gagner encore plus, soit le double de ce qu’on devait engranger comme bénéfices.
Dans tout cela, l’Etat par le biais de ses services, directions du commerce, agents de contrôle, ONIL, ne peut à lui seul venir à bout de ces trafics sans l’aide des citoyens qui doivent dénoncer ces pratiques qui, en plus de grever leurs budgets, peuvent nuire à leur santé.