La population de la commune de Chétaïbi a toujours eu pour source de revenu essentielle, la pêche, quand on excepte les salaires des fonctionnaires activant dans les secteurs de l’administration et de l’Education nationale depuis l’indépendance du pays. L’activité des carrières de granit ayant cessé depuis belle lurette, il ne resta donc plus que le port pour attirer ceux qui s’initient à la rude tâche de pêcheurs. En effet, au fil des ans, les barques et autres embarcations d’envergure, appelées sardiniers, se sont multipliées au grand bonheur des exploitants et des mareyeurs qui achètent le poisson en gros pour une fructueuse revente.
Cette croissance a inévitablement conduit les autorités portuaires à considérer la nécessité de répondre favorablement aux besoins de cette corporation. La première décision notable prise il y a une quinzaine d’années, a consisté à agrandir le port par une nouvelle jetée qui a également servi de protection en hiver. Récemment, de nouveaux projets ont vu le jour et sont pratiquement opérationnels. Le plus important est l’aménagement d’un quai flottant qui sert à augmenter la capacité du port pour les petites embarcations de pêche et de plaisance. Le nombre de celles-ci dépassent de loin le nombre 200, tandis que les petits métiers ne dépassent pas la cinquantaine, alors que les sardiniers atteignent le chiffre 20, selon les informations recueillies auprès des pêcheurs. Ceux-ci se réjouissent, par ailleurs, d’un autre projet déjà réalisé, qu’est une clôture métallique de plusieurs dizaines de mètres, qui protège l’esplanade du port où se trouve du matériel en quantité çà et là. Pour y accéder, il faut passer par un poste de contrôle, ce qui rassure les gens.
La construction d’une bâtisse servant de pêcherie est un autre projet sollicité depuis longtemps. Là, un vétérinaire vérifie la marchandise avant sa vente aux mareyeurs (presque une quinzaine), qui la destinent à des marchands de poisson à Annaba. L’aménagement, il y a environ huit mois, d’une zone de ramendage a été favorablement accueilli, car elle permet aux pêcheurs de raccommoder leurs filets à l’abri et en sécurité. Dans le passé, quand il pleuvait, ils étaient contraints d’attendre le retour d’une accalmie, à défaut de beau temps, pour se remettre au travail.
Présentement, des ouvriers s’attèlent à réparer le quai aux endroits où des détériorations sont signalées. Une opération qui s’effectue naturellement avec du béton et ne durera qu’environ un mois. Apparemment, l’EGPP (Entreprise de la Gestion du Port de Pêche) veille au grain pour donner un nouveau look à cet espace qui fait la fierté de Chétaïbi.
Rappelons par ailleurs que les patrons des “grands métiers” (sardiniers) sont tenus, outre l’obligation d’avoir le rôle (l’équivalent du registre de commerce pour les commerçants) pour exercer en toute impunité, de payer une assurance de 4 millions de centimes pour chaque pêcheur embarqué. Comme ils embauchent au moins 10 personnes, c’est un total de 40 millions dont ils doivent s’acquitter annuellement. A ajouter aux 8 millions pour l’assurance du patron, ce qui totalise la somme annuelle de 48 millions, sans compter les 6 millions du mécanicien, indispensable pour les bateaux dont la puissance est d’environ 150 chevaux. A cette série de frais incontournables, s’ajoute le chômage forcé par la saison hivernale, synonyme de mer agitée, lequel chômage dure parfois plusieurs semaines sans interruption. La cherté du matériel de pêche constitue le désespoir de cette corporation qui n’a pas à qui s’en plaindre, car la hausse des prix n’a épargné aucun secteur.
Khém. AMEUR