L’Union européenne a présenté, jeudi dernier, son nouveau Pacte pour la Méditerranée, une initiative politique et économique qui marque une nouvelle étape dans la relation entre l’Europe et ses voisins du Sud. L’objectif est d’instaurer un cadre de coopération plus équilibré, fondé sur la confiance mutuelle, la stabilité et le développement partagé. Ce pacte se veut également une réponse aux tensions géopolitiques récentes, notamment dans le bassin méditerranéen, et à la nécessité pour Bruxelles de repenser ses partenariats dans un contexte mondial de plus en plus incertain. Derrière cette initiative se dessine la volonté de corriger les déséquilibres persistants dans les relations euro-méditerranéennes, en adaptant les outils de coopération aux besoins spécifiques des pays du Sud, dont l’Algérie.
Une tentative de rééquilibrage géopolitique
À travers ce pacte, l’UE cherche à réorienter ses priorités stratégiques et à redéfinir son approche vis-à-vis du Sud de la Méditerranée. Longtemps accusée de privilégier d’autres zones, notamment l’Europe de l’Est ou l’Afrique subsaharienne, l’UE veut désormais replacer la Méditerranée au centre de son action extérieure. Le contexte international, marqué par les crises énergétiques, les tensions migratoires et la fragilisation des chaînes d’approvisionnement, pousse l’Europe à renforcer son voisinage immédiat.
Ce Pacte vise aussi à moderniser les accords euro-méditerranéens, dont celui liant l’UE à l’Algérie, souvent critiqué pour son déséquilibre commercial et son manque de flexibilité. L’Algérie y occupe une place de choix en raison de son rôle clé dans la sécurité énergétique du continent. Avec ses capacités dans les domaines du gaz, de l’hydrogène vert et de l’électricité solaire, le pays peut devenir un pilier de la transition énergétique européenne.
En introduisant des mécanismes plus souples et adaptés aux réalités locales, Bruxelles souhaite offrir aux partenaires méditerranéens la possibilité de mieux défendre leurs intérêts et d’évoluer vers une véritable politique de coproduction régionale, où chaque partie trouve un avantage mutuel.
L’Algérie, partenaire stratégique mais prudente
Si l’Algérie reconnaît la portée stratégique du Pacte pour la Méditerranée, elle aborde le projet avec une prudence diplomatique marquée. Plusieurs facteurs politiques et symboliques influencent sa position. Le premier tient à la cause palestinienne, dossier sensible qui pèse lourdement sur les relations entre Alger et certaines capitales européennes. Le soutien indéfectible de l’Algérie au peuple palestinien contraste avec la position jugée ambiguë de plusieurs pays de l’UE face au drame de Gaza, ce qui entretient une méfiance persistante.
À cela s’ajoutent les tensions récurrentes entre Alger et Paris, liées à des divergences politiques et mémorielles, mais aussi à des prises de position jugées maladroites sur des dossiers régionaux. Ces crispations influencent la perception algérienne de l’UE, dont la France demeure un acteur central.
Fidèle à sa diplomatie de non-alignement, l’Algérie privilégie une approche souveraine et multilatérale. Elle cherche à diversifier ses alliances en renforçant ses partenariats avec la Chine, la Russie et les pays africains. Dans ce contexte, sa participation au Pacte pour la Méditerranée pourrait se faire de manière sélective et pragmatique, axée sur les volets économiques et énergétiques plutôt que sur un alignement politique.
Le pays pourrait ainsi défendre ses priorités économiques et diplomatiques, tout en restant attentif aux enjeux politiques et aux équilibres régionaux que cette nouvelle initiative européenne pourrait redessiner.
Par : S.A.B.












