C’est par le bais d’une lettre adressée au juge d’instruction que Sansal, en détention au pavillon pénitentiaire du CHU Mustapha Pacha, à Alger, a annoncé la ‘’déconstitution’’ de tous ses avocats.
Le mensonge n’a que trop duré. Il y’a à peine quelques jours l’avocat François Zimeray déclarait dans la presse française que son «client», l’écrivain algéro-français, Boualem Sansal, subissait des pressions pour « changer » d’avocat. Alors que le bâtonnier d’Alger vient de révéler, dans un entretien à El Watan, que Sansal «a déconstitué tous ses avocats, y compris Me Zimeray» il y a une semaine et exprimé son «vœu de se défendre tout seul».
C’est par le bais d’une lettre adressée au juge d’instruction que Sansal, en détention au pavillon pénitentiaire du CHU Mustapha Pacha, à Alger, a annoncé la déconstitution de tous ses avocats. Me Mohamed Baghdadi a également précisé que Boualem Sansal n’a pas arrêté son traitement, ni entamé une grève de la faim. Dans l’entretien qu’il a accordé à El Watan, il revient sur cette affaire et «la désinformation» qui l’entoure et explique que le prévenu «jouit de tous ses droits à la défense».
« Me Zimeray s’est présenté comme avocat de M. Sansal (…) Je lui ai donc proposé trois confrères, choisis selon leur profil, des pénalistes, parmi eux le doyen, c’est-à-dire, le plus ancien en exercice. J’ai mis ces derniers en contact avec lui, et ils ont commencé avec lui, sans qu’il y ait un quelconque incident au niveau de la conduite de la défense, a-t-il expliqué. La question de son déplacement en Algérie est subordonnée à l’obtention d’un visa qu’il n’a pu se faire délivrer pour des raisons que j’ignore.
Cela relève d’attributions d’autres autorités. En ce qui me concerne, je ne vois aucun inconvénient, puisque la procédure exige que pour la constitution d’un avocat qui vient plaider pour la première fois, que le bâtonnier lui délivre une autorisation. Je ne vois aucune objection à ce que Me Zimeray puisse assister son client. Le problème de l’empêchement temporaire de Me Zimeray ne peut pas préjudicier aux droits de son client. La défense était assurée.
Je supervisais personnellement la bonne conduite du déroulement de cette procédure au niveau de l’instruction et du travail quotidien fourni par mes confrères désignés. Ces derniers, faut-il le préciser, rendaient compte de leur travail à Me Zimeray et à moi. »
L’écrivain algéro-francais n’a pas arrêté son traitement
A une question au sujet d’une personne qui se serait présentée à Sansal, à son lieu de détention, pour lui demander de déconstituer l’«avocat juif» et d’en désigner un autre, Me Baghdadi a répondu : « Je trouve ces propos surprenants. Je n’ai pas connaissance d’une quelconque protestation de M. Sansal, sinon, mes confrères désignés m’auraient directement informé et je ne pourrais, en tant que bâtonnier, tolérer ce genre de comportement, s’il devait se produire.
Exercer des pressions sur un prévenu, quel qu’il soit, constitue une violation du droit à la défense. » Et d’ajouter : « Dans son courrier, M. Sansal a écrit qu’il voulait se défendre seul. Ce qui me surprend, c’est que Me Zimeray continue de dire qu’il est toujours son avocat, alors qu’officiellement, il y a cette lettre de déconstitution datant d’une semaine. »
S’agissant de la grève de la faim qu’aurait entamé Sansal, le bâtonnier d’Alger et catégorique. « Ce que je sais des confrères et du juge d’instruction, c’est que M. Sansal avait effectivement fait allusion à la possibilité de faire une grève de la faim. Mais, étant sous traitement, ce serait préjudiciable pour sa santé.
Je sais qu’il ne l’a pas fait », a indiqué Me Baghdadi, affirmant que l’écrivain algéro-francais n’a pas arrêté son traitement. « Selon le professeur qui a été désigné pour superviser ses soins et sa prise en charge médicale, le protocole qui a été suivi pour le traitement de son cancer a commencé à donner de bons résultats. Cela serait dommage et déraisonnable pour M. Sensal de gêner cette prise en charge médicale », a-t-il poursuivi. Et de conclure : « Je pense que la procédure devrait être un peu plus rapide.
Plus vite on saura mieux cela vaudra. La chape de plomb, le silence, cette obligation de réserve ne feront qu’alimenter la polémique qui, souvent, est dénaturée et infondée. Plus vite on saura ce qu’il y a dans le dossier, mieux ce sera. »
Par : Akram Ouadah