Hier, les étudiants de la Faculté de médecine d’Annaba, issus des divers cycles de formation –externes, internes, étudiants en pharmacie et en sciences dentaires–, ont organisé une mobilisation massive pour relancer la grève nationale débutée mercredi dernier. Dès 9h du matin, ces futurs professionnels de santé se sont rassemblés en grand nombre, arborant des banderoles avec des slogans forts tels que «Médecin mal formé = Patient mal traité», «L’authentification du diplôme est un droit», et des revendications telles que «Nous avons besoin de plus d’hôpitaux» ou encore «Dentiste au chômage, pharmacien au chômage».
«Garanties insuffisantes»
Le représentant des étudiants de la Faculté de médecine d’Annaba Islem, ayant assisté à une réunion marathon de plus de 7h avec le ministre de l’Enseignement supérieur, samedi 19 octobre 2024, au siège du ministère, en présence des représentants des autres facultés de sciences médicales du pays, a déclaré que certaines revendications ont été prises en charge, tandis que d’autres, notamment l’authentification des diplômes, sont demeurées sans réponse concrète. A ce propos, le ministre a souligné deux points principaux. D’une part, pour les médecins généralistes, il a promis de rétablir l’authentification des diplômes via une procédure simplifiée. D’autre part, pour les médecins spécialistes, la question relève du ministère de la Santé. Il a également annoncé la mise en place d’une plateforme destinée à recenser les diplômés en attente d’authentification, avec la promesse de rétablir le processus comme auparavant. Malgré ces engagements, le représentant des étudiants a exprimé des doutes sur l’absence de garanties officielles et a confirmé que des ateliers de dialogue seraient organisés prochainement avec les étudiants en médecine, sciences dentaires et pharmacie. Il a ajouté que la grève se poursuivrait tant que toutes les préoccupations des étudiants ne seraient pas entièrement satisfaites.
Le ministère, pour sa part, a indiqué que les doléances exprimées par les représentants des étudiants sont en cours de traitement au niveau local. Il a fixé la date du 27 octobre pour le démarrage des travaux des différents groupes de travail chargés de répondre aux revendications des étudiants.
Doléances des étudiants en pharmacie
Les étudiants en pharmacie, quant à eux, ont insisté sur leur revendication majeure : l’obtention de l’agrément, en suspens depuis 2012. La représentante Ritadje choubades étudiants a également dénoncé l’augmentation des étudiants dans les promotions, alors que le nombre de professeurs est en diminution. Elle a exprimé son mécontentement face à la qualité de la formation et au manque d’infrastructures adaptées, soulignant que même les annexes ajoutées récemment ne suffisent pas à répondre aux besoins croissants des étudiants, qui peinent à trouver des espaces d’étude adéquats.
Réclamations des étudiants en chirurgie dentaire
De leurs côtés, les étudiants en sciences dentaires ont réclamé une réduction des admissions en 1ère année, estimant que cette mesure permettrait d’améliorer la qualité de la formation. Ils ont également mis l’accent sur la nécessité d’un meilleur équipement, tant au sein des facultés que dans les établissements hospitaliers, particulièrement en ce qui concerne la médecine dentaire.
Par ailleurs, une revendication commune à l’ensemble des étudiants en sciences médicales concerne l’augmentation des bourses allouées aux externes et internes, qui, malgré une charge de travail considérable, ne perçoivent aucune rémunération.
Le manque de places pédagogiques dénoncé
Il convient également de souligner que les premiers à protester sont ceux ayant réussi le concours de résidanat. Ils ont, notamment, soulevé le problème du nombre insuffisant de places pédagogiques, largement inférieur au nombre croissant de candidats au concours. Par ailleurs, ils ont dénoncé la loi imposant un délai de 3 ans avant de pouvoir se représenter au concours, si un résident décide d’abandonner sa spécialité, une contrainte jugée particulièrement pénalisante pour les étudiants. Une résidente, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a également critiqué la qualité de certaines spécialités, tout en pointant du doigt le système de correction en vigueur à Annaba, qu’elle a qualifié d’inefficace et d’inéquitable.
Lors de la réunion avec le ministre de tutelle, une proposition a été formulée concernant une période d’essai d’un mois pour les résidents. Cette période permettrait aux résidents de débuter dans le service de leur choix et, si au terme de ce mois, la situation ne leur convient pas, ils auraient la possibilité de démissionner sans subir de sanctions. Toutefois, toute démission après ce délai entraînerait des sanctions. Les représentants des étudiants ont proposé de raccourcir cette période, réduisant ainsi la durée d’inéligibilité au concours de résidanat à un an au lieu de 3 ans en cas de renoncement à une spécialité. Un des représentants présents a également insisté pour qu’un communiqué officiel soit publié avant la répartition dans les services.
Les négociations se poursuivent, mais les étudiants ont clairement exprimé leur intention de maintenir la grève tant que l’ensemble de leurs revendications n’aura pas été pris en compte.
Par : Ikram Saker