Par : Himri Radja
Comme d’autres méthodes naturelles, la phytothérapie revient au goût du jour. Cette discipline, et ce malgré son ancienneté, offre de nombreuses perspectives d’avenir. Elle consiste à traiter certaines pathologies à l’aide de plantes utilisées sous différentes formes mais qui, bien qu’ayant des vertus incontestables, n’est néanmoins pas totalement dénuée de risques.
La phytothérapie est une médecine alternative qui se base essentiellement sur l’utilisation de plantes médicinales dans un but thérapeutique préventif ou curatif ainsi qu’esthétique. Bien choisies et bien utilisées, les plantes médicinales soulagent efficacement et souvent rapidement certains soucis du quotidien tels que le stress, les insomnies, les douleurs articulaires, les digestions difficiles et les infections respiratoires, etc…
Principales plantes utilisées en phytothérapie et leurs usages
L’usage des plantes médicinales peut se faire sous différentes formes galéniques « liquides, solides, semi-solide …etc » et sont administrées essentiellement par voie interne orale ou par voie externe cutanée, nasale, buccale, oculaire, auriculaire, vaginale ou rectale.
Selon des phytothérapeutes, la façon la plus simple et efficace de profiter des bienfaits d’une plante reste la tisane qui est idéale pour éliminer les toxines de l’organisme. Généralement ces boissons à base de plantes agissent mieux sur un estomac vide. De même, on suggère souvent de les boire par petites gorgées tout au long de la journée. La boisson est prise selon le besoin, on utilisera par exemple une plante calmante tels que la valériane, la camomille ou le tilleul avant de se coucher. Le gingembre, la réglisse, le thym et les feuilles d’eucalyptus quant à eux renforcent le système immunitaire et préviennent les infections virales comme la grippe entre autres. En ce qui concerne les infections pulmonaires, on peut opter pour les inhalations comme méthode d’administration.
Dénuée de tout risque ?
La phytothérapie est incontestablement la médecine la plus adaptée pour attaquer le mal à son début. L’OMS, elle-même, répertorie plus de 22 000 plantes médicinales. Mais Il n’en reste pas moins qu’elle n’est pas sans danger, les plantes ont des composants actifs que l’on ne peut nier, certaines ont des parties toxiques, d’autres risquent d’interagir avec les médicaments pris et provoquer des effets indésirables ou modifier les propriétés pharmacologiques de certains médicaments comme leur efficacité, leur élimination ou leur vitesse d’action.
L’une des plantes les plus connues pour ses interactions avec les médicaments est le millepertuis, cette plante est capable d’augmenter la vitesse d’élimination de certains médicaments et ainsi d’en réduire l’efficacité thérapeutique ; prise avec d’autres médicaments, elle peut au contraire en accroître l’efficacité. Ainsi, le millepertuis ne doit jamais être pris de manière concomitante avec un grand nombre de médicaments, tels que les anticoagulants, certains antiépileptiques ou les pilules contraceptives. D’autre part, on a la réglisse qui possède des propriétés hypertensives majeures, elle est par conséquent strictement déconseillée pour les patients qui prennent des antihypertenseurs.
Une autre plante largement impliquée dans les interactions médicamenteuses est le Ginkgo biloba, celle-ci peut provoquer une augmentation de l’action thérapeutique des anticoagulants, ou au contraire la diminution de celle de certains antirétroviraux. Même un simple jus de pamplemousse peut perturber le mode d’action de certains médicaments.
La majorité des patients sont inconscients que le fait d’acheter des plantes médicinales de chez un herboriste peut entraîner des intoxications ou des interactions médicamenteuses sévères, et c’est ce que nos hôpitaux ont récemment constaté surtout chez les patients atteints de maladies graves. L’exposition de ces plantes à un environnement inapproprié tel que la chaleur, l’humidité, les parasites du milieu extérieur ainsi que l’utilisation de la même cuillère pour prendre des plantes différentes peuvent entraîner des réactions chimiques très dangereuses qui parfois finissent par causer le décès du patient.
Pour conclure nous pouvons dire que la phytothérapie est un monde bien plus complexe que beaucoup ne l’imaginent. Pour éviter de s’exposer à tout risque, il est recommandé de demander l’avis d’un professionnel de santé, soit le médecin au moment de la prescription, soit le pharmacien, et ce surtout en cas d’association d’un traitement classique à un traitement à base de plantes. De plus, il est conseillé de rester vigilant quant à l’apparition éventuelle de certains signes, tels que des effets indésirables inhabituels ou la modification de l’efficacité du traitement médicamenteux pris surtout chez les enfants, les femmes enceintes et allaitantes. Cependant, il s’avère impératif d’acheter les plantes médicinales auprès des pharmacies ou autres centres médicaux où elles sont bien conservées et d’éviter d’aller cueillir ces dernières dans la nature car cela peut-être très dangereux, en effet il est possible qu’on ne fasse pas la différence entre une plante médicinale et une plante nocive ou toxique ; ou qu’on utilise la totalité de la plante « Totum » pour traiter une pathologie qui, en réalité, ne nécessite que l’utilisation d’une petite partie ce qui peut engendrer des effets indésirables. Au final, la phytothérapie est souvent classée parmi les médecines douces sans pour autant remplacer en aucun cas un traitement moderne avéré efficace d’autant plus lorsqu’il s’agit d’une maladie grave.
Membre du Club scientifique Averroès Faculté de médecine d’Annaba*