Chaque année, à l’approche du mois sacré du Ramadhan, le phénomène des pénuries des produits alimentaires de première nécessité refait surface et angoisse les familles de condition modeste qui n’ont pas les moyens financiers de faire face à des dépenses onéreuses. Des mères de familles se sont rapprochées de Le Provincial pour exprimer leur ras-le-bol puisque des commerçants peu scrupuleux ont subitement repris leurs réflexes malsains en imposant sans honte bue leur diktat. Visiblement désarçonnée par ces augmentations irréfléchies, une dame nous confie : ” Nous sommes à la recherche d’un sac de semoule de bonne qualité depuis deux mois et nos investigations sont restées infructueuses ! Mon époux ne cesse de sillonner le chef-lieu de wilaya et les localités environnantes et chaque fois il rentre bredouille à la maison ! Dieu merci ! l’huile de table est enfin disponible dans les commerces mais les produits alimentaires, à savoir le double concentré de tomate, les épices, les pâtes, le riz, les fromages, yaourts, levures, farine, crème dessert, oeufs ont enregistré des augmentations insensées ! “.
D’autres consommateurs abordés dans un supermarché de la ville, corroborent ces constats et dénoncent le comportement des commerçants qui ont saisi cette opportunité pour saler les prix des amandes, raisins secs, pruneaux, abricots et kiwis confits qui sont des ingrédients incontournables pour la préparation du fameux plat sucré appelé communément ” Marka heloua ” ou ” Chebah Safra “. Les tarifs ont doublé pour satisfaire l’appétit de ces suceurs de sang avides de gains faciles ! Au cours de notre virée, nous avons remarqué le désarroi des citoyens agressés par cette cherté de la vie qui intervient la veille du mois de jeûne.
D’autre part, des interlocutrices nous ont déclaré : ” Pour accueillir honorablement ce mois sacré, nous achetons un peu de vaisselle, assiettes plates et creuses, marmites, séries de verres, cuillères, fourchettes, couteaux de table et autres. Nous dépensons au bas mot plusieurs billets de mille et deux mille dinars et cela grève notre maigre budget familial. La chorba nécessite l’utilisation du Frik, blé vert moulu et traité dont le kg avoisine les 400-450 dinars ! Nous préparons la menthe que nous sécherons et moudrons pour aromatiser ce plat principal privilégié par la maisonnée ! “.
Le point noir est incontestablement la non-disponibilité du lait en sachet, produit indispensable pour le petit-déjeuner et le goûter des enfants et la préparation de flan et diverses recettes culinaires pour agrémenter les veillées ramadhanesques. Un sexagénaire rencontré dans un marché couvert nous révèle que l’oignon sec et vert a pris des ailes puisque le kg a atteint les 180 dinars alors qu’il était cédé voilà quelques semaines à 80 dinars ; l’orange n’est plus à la portée du citoyen lambda car elle coûte 280 dinars le kg ! Quant aux viandes rouges et blanches, elles donnent le tournis aux ménagères, sachant que le veau, l’agneau sont tarifés à 2.000 -2.200 dinars le kg et le poulet à 450 dinars le kg. De toute évidence, les familles appréhendent ce mois sacré censé apporter la solidarité, la piété et le respect d’autrui mais qui offre l’opportunité à des commerçants véreux de se remplir les poches sans état d’âme !
Par : Hami Baali