Construit durant l’époque coloniale, le marché couvert Ahcène Harcha, implanté au centre-ville, était le lieu de passage et de rencontres de générations de Guelmois qui prenaient plaisir à acheter des produits frais et de bonne qualité auprès des bouchers et des marchands de fruits et légumes. L’accueil chaleureux et la convivialité avaient créé des liens d’amitié et chacun pouvait choisir ses morceaux de viandes, ses côtelettes, biftecks, fressures, ses légumes frais et ses fruits de saison. D’aucuns gardent un souvenir indélébile de ces années heureuses où le client était roi !
Au fil des ans, la donne avait changé, car les anciens commerçants usés par le poids des ans, avaient dû cesser leurs activités et opter pour une retraite méritée. Les étals et les boucheries restèrent clos au grand dam des habitués qui déplorèrent le départ de leurs commerçants, considérés comme des proches et des amis. Au début des années 2000, ce centre commercial ferma ses portes car les occupants optèrent pour le commerce informel jugé plus lucratif. En 2010, le maire de l’époque avait opté pour la réhabilitation de ce marché couvert et il contacta en vain les anciens locataires qui ne voulaient pas être astreints au versement des frais de charges, de location et des impôts. Ils préférèrent s’adonner au marché informel au niveau des cités, quartiers et lieux publics !
Des présidents de l’assemblée populaire de Guelma et des walis successifs avaient essayé de faire renaître de ses cendres ce centre commercial emblématique, si cher à la population , mais en vain ! Les marchés de proximité réalisés à coups de milliards de centimes n’ont pas eu l’impact recherché puisque personne ne se pressait pour bénéficier de locaux fonctionnels. Cependant, l’actuelle cheffe de l’exécutif de wilaya, Mme Houria Aggoune, en poste à Guelma depuis la mi-septembre 2022, réputée pour ses innombrables sorties d’inspection et de visites inopinées à travers les communes, a décidé de prendre le taureau par les cornes et de procéder à sa réouverture dès l’entame du mois sacré du Ramadhan.
Dernièrement, accompagnée du maire de la ville, du chef de daira, de ses proches collaborateurs, du directeur du commerce et de responsables concernés, elle s’était déplacée au niveau du marché Harcha. Elle a affiché sa détermination de concrétiser son projet et a ordonné sa rapide réhabilitation (peinture, menuiserie, électricité, eau potable et autres) pour offrir un cadre de travail agréable. Elle a décidé d’affecter des marchands ambulants qui ont désormais l’opportunité d’obtenir un registre de commerce destiné à ceux qui s’adonnent au commerce informel. Ce sésame est providentiel car ils bénéficient, eux et leurs familles, de la couverture de la sécurité sociale, des allocations familiales, de la validité des années d’activité pour leur retraite.
D’autre part, cette formule médiatisée récemment par le ministère du Commerce leur garantit la sécurité, leur offre un travail stable et les dispense des contrôles intempestifs des services officiels qui prennent des sanctions, saisies des marchandises et fortes amendes. L’espoir est permis et gageons que ce marché emblématique ouvrira ses portes le mois prochain !
Par : Hamid Baali