Par : Zaoui Abderaouf.
Le sac de semoule de 25 kilogrammes, excepté celui produit par les minoteries publiques, est cédé entre 1600 et 1700 dinars, celui de 10 kilogrammes à 700 dinars, le bidon d’huile de cinq litres est vendu à plus de 700 dinars, le pain normal à 15 dinars et le lait en sachet coûte 30 dinars, c’est à prendre ou à laisser !
Les prix des légumes secs, des pâtes alimentaires, du couscous, quant à eux volent très haut sans que personne ne trouve à redire. De deux choses l’une, ou le client se fait servir, paye le prix imposé et rentre chez lui, ou il s’en va se plaindre aux services de sécurité ou aux agents de la direction du commerce et se faire montrer du doigt par la « rojla ». « Porter plainte, c’est un peu se rabaisser ou être mal jugé par les autres », estiment certains. Le citoyen préfère acheter au prix fort et se taire plutôt que de se plaindre. C’est une question d’«honneur », disent-ils ! Est-ce logique de se faire duper et se taire ? Accepter de se faire escroquer ou voler, est-ce un signe de « rojla » ? Là est toute la question. Réclamer ses droits est la logique des choses. Le citoyen se doit de revendiquer ses droits. Voir le prix d’une baguette de pain affiché à 7,5 dinars et la payer 10 ou 15 dinars et se taire, c’est tout simplement accepter le fait accompli. C’est accepter le vol en ayant le « sourire » aux lèvres. Les commerçants, conscient de la « rojla » qui habite leurs concitoyens ne reculent devant rien pour augmenter les prix. Les grossistes et détaillants imposent leurs prix avec le sourire et ne délivrent pas de factures évidemment. Ces derniers n’osent même pas la demander de peur de ne pas se faire servir. Ainsi va le quotidien des habitants de Mila. L’éternel jeu du chat et de la souris entre commerçants et agents du commerce est devenu tellement banal que bien avant l’arrivée des contrôleurs et inspecteurs des prix sur le terrain, toutes les boutiques baissent rideaux. Seuls les deux ou trois premiers commerçants contrôlés, pris au dépourvu payent, les autres échappent au contrôle car le bouche à oreille annonçant la présence des agents du commerce aura déjà fait son effet.
Une fois les contrôleurs partis, tous les magasins ouvrent leurs portes. Les prix augmentent, les citoyens se plaignent, les services chargés du contrôle des prix verbalisent, le calvaire des petites et moyennes bourses continue, ainsi va la vie sans que personne ne trouve à redire. Qui faut-il blâmer ou punir ? Le commerçant ou le client passivement complice ?