Le 7e Festival de la Production Théâtrale féminine, qui se déroulera du 13 au 18 février 2025, continue de se dévoiler jour après jour. Et c’est l’affiche officielle qui a été révélée ce week end. Une image poétique signée, Djahida Houadef. Un choix à la forte valeur symbolique.
Cette affiche entend célébrer le 4e Art, avec en filigrane l’engagement des femmes dans l’art en général et dans le théâtre en particulier. Parce qu’il offre une voix à chacune, le théâtre permet l’émancipation. Parce qu’il se souvient des blessures, il lutte contre l’oubli. Parce qu’il témoigne de l’engagement, il appelle à l’union. Dans un monde fragile qui interroge sans cesse l’altérité, le Festival d’Annaba réaffirme une conviction : le théâtre est un sanctuaire d’expression et de partage.
Cette année, l’organisation met à l’honneur l’iconique Nouria Kazdarli qui incarne sans aucun doute ce que le théâtre doit se souvenir d’être: audacieux et persévérant. L’actrice de « Une si jeune paix » est une incarnation de théâtre, où elle a interprété plus de 200 pièces, sans concession mais toujours proche de ses convictions. Tout un symbole.
Autre symbole, le choix de l’artiste pour la conception de l’affiche. Djahida Houadef n’a jamais caché son engagement pour la cause des Algériennes.
Accrocher le regard et provoquer des sensations
Le visuel créé par Djahida Houadef incarne parfaitement l’esprit du festival. L’affiche met en lumière Nouria Kazdarli. Elle, qui a souvent interprété le rôle d’une mère au foyer typiquement algérienne avec sa nature simple et ses traditions matriarcales, aura bien vite gagné le cœur du public.
Cette affiche, au-delà de son esthétique attrayante, invite à l’apaisement et au rassemblement. Elle rappelle que le festival n’est pas seulement un événement artistique, mais aussi une expérience humaine enrichissante.
Une artiste avec un grand A
Native de N’Gaous dans les Aurès, Djahida Houadef a grandi dans les champs d’abricotiers de son grand-père et s’est inspiré de la vie des femmes de N’Gaous. Elle disait de son enfance qu’« une enfance heureuse ou une enfance malheureuse peu importe… l’essentiel se retrouve entre les parois gravés de notre mémoire qui risquent de devenir des murs en pierres s’ils ne sont pas rafraîchis et transcrits. Je porte personnellement un regard aussi grand et réel qu’il soit sur les souvenirs de mon enfance. A N’gaous où je vivais : animaux, verdure, arbres, fleurs étaient la couverture panoramique de cette terre. »
Elle a réalisé trois collections sur le monde féminin algérien, le premier Casbadjiates, en hommage aux femmes de La Casbah d’Alger, le deuxième les Cassassettes, ce sont de conteuses chaouies qui racontent des contes, dans la nuit claire et enfin c’est les femmes N’gaoussiates. Elle est considérée parmi la première génération de peintre femme et décrite dans le livre des 11 femmes artistes en Algérie dont le titre est Féminin pictural de Djamila Flici Guendil.
Engagement pour la cause des femmes
Djahida Houadef a rendu hommage aux femmes de N’Gaous lors de l’exposition N’gaouissiette au Palais des Rais Bastion 23 à Alger, en mars 2013, elle a rappelé le sacrifice de Mériem Bouatoura. Elle dira « N’Gaoussiette est une exposition en hommage à la femme qui m’a mise au monde, aux femmes de ma région natale, à l’image de la chahida Meriem Bouatoura, qui sont mes premiers exemples de femmes et, enfin, aux femmes de mon pays qui ont formé l’Algérien. Avec leurs mains elles ont nourri, cousu, soigné. Elles ont cultivé la terre pour nourrir les hommes, porté les armes aux côtés de leurs compatriotes et ont même sacrifié leur vie pour construire l’Algérie libre et rayonnante »
Djahida Houadef a étudié à l’École supérieure des beaux-arts d’Alger et a enseigné. Elle est également diplômée en peinture et en céramique, elle est enseignante d’art et a animé pour les enfants des ateliers d’arts plastiques de 1987 à 2011 au Musée national des beaux-arts d’Alger. Elle a obtenu un diplôme d’études supérieures artistiques en participant aux ateliers de Denis Martinez et elle obtient également un certificat d’enseignement artistique général (CEAG) en céramique. Elle a arrêté d’enseigner en 2000 et s’est consacrée seulement à la peinture. Elle a participé à plusieurs expositions à l’étranger en Espagne, en France, en Tunisie, aux Émirats arabes unis, au Maroc, en Grèce et en Algérie.
Dans l’attente des derniers ajouts
Pour l’heure, la programmation de l’édition 2025, orchestré par Rania Serouti et la directrice artistique Lynda Sellam, n’a pas encore été dévoilée. Le public attend désormais de connaître les pièces retenues dans le cadre de la sélection officielle. Mais l’on sait d’ores et déjà que ce 7ᵉ Festival culturel national de la production théâtrale féminine promet d’être un événement phare, célébrant la richesse et la diversité des voix féminines dans le théâtre. Entre compétitions, ateliers, discussions et hommages, il incarne l’espoir d’un avenir théâtral féminin plus audacieux et innovant. Un rendez-vous incontournable pour les passionnés d’art et de culture, mais aussi pour tous ceux qui croient en la force de cet art comme vecteur d’émancipation et de transformation sociale.
Par : Aly D