Jusqu’au 31 décembre 2023, l’exposition “Marc Riboud, 100 photographies pour 100 ans” au musée des Confluences à Lyon donne à voir une sélection de travaux du photographe, arpenteur attentif du monde.
Parmi ces clichés les plus célèbres, connus des algériens, cette image d’une jeune femme exprimant toute la joie de l’Indépendance, en 1962, le corps jaillissant par la fenêtre arrière d’une voiture, un drapeau à la main et un sourire irradiant de bonheur sur son visage. Marc Riboud, photoreporter témoin de l’indépendance de l’Algérie nous a laissé des témoignages exceptionnels, restés dans l’Histoire, de la liesse incroyable de juillet 1962. Soixante et un ans plus tard, ses photos d’Alger envahie par son peuple en liesse tirent leur intensité singulière, leur extraordinaire degré de présence. Leur capacité à nous surprendre tout en étant si évidentes dans leur cadrage, leur composition, leur équilibre. Elles n’ont pas pris une ride. Après avoir parcouru le pays, depuis la frontière tunisienne en compagnie d’une petite délégation du FLN, Marc Riboud livrera des témoignages précieux tant il était animé par la volonté́ d’apporter une plus grande visibilité́ à cette guerre camouflée en événements et qui ne disait pas son nom.
Le photographe des accords d’Evian
Marc Riboud se rend à Alger en 1960. S’approchant au plus près, il prend des clichés lors des entretiens d’Evian (mai 1961 – mars 1962) qui réunissent les représentants français et algériens autour des enjeux de l’autodétermination de l’Algérie, du Sahara et du statut de la minorité européenne. Les photographies de Marc Riboud sont très rares dans le sens où ces négociations sont très encadrées et sécurisées ; il y a accès grâce à ses relations avec certains membres de la délégation algérienne. Entre mai et juillet 1962, l’indépendance semble se profiler de façon certaine. Il immortalise le jour même du référendum, où plus de 99% des suffrages seront exprimés, et l’euphorie qui s’ensuit en ce jour du 1er juillet. L’indépendance sera proclamée le 3 juillet et célébrée le 5 juillet.
Marc Riboud fait partie des chefs de file de cette école Magnum (fermée en 1994) pour qui la photographie est, dans son « instant décisif », une pédagogie, un acte esthétique voire politique, une morale. Avec Henri Cartier-Bresson et René Burri, il est de ce triumvirat généreux et rigoureux, polyvalent, où chacun se différencie au dixième de seconde. A l’instant T de la photographie, Cartier-Bresson s’arrête aux frontières de l’abstraction, Burri centre l’information, Riboud promène son œil compréhensif entre les deux. Exposées dans divers galeries à travers le monde, les œuvres du maître du noir et blanc et « photographe de l’instant » sont publiées aussi bien par les magasines Life et Geo, que National geographic ou encore Paris-Match.
Par : R.C