Il s’agit d’un nouvel ouvrage, publié dans la lettre culturelle franco-maghrébine. Intitulé « Souvenirs d’enfance de la guerre d’Algérie, une entrée douloureuse dans la modernité », l’auteur de ce livre est professeur émérite à Grenoble, École de Management, où il enseigne le management et la géopolitique. Mohamed Matmati est né en 1946, c’est-à-dire durant la période de la guerre d’indépendance, qui correspond à son enfance et à son adolescence, souvent des années où les souvenirs s’inscrivent dans la mémoire avec une grande fraîcheur et efficacité, leur permettant de perdurer toute une vie.
Il commence son livre par une longue évocation de type historique consacré à la petite Kabylie, qui est sa région d’origine, le mode de vie de ses habitants, au début des années cinquante ainsi que son enfance misérable. Il décrit, dans un contexte d’une guerre féroce, des opérations militaires intenses.
Ensuite, l’auteur évoque ce qu’il qualifie « un déracinement » qui le mènera à vivre dans deux grandes villes de l’Est algérien, dont Constantine et Bône, villes dans lesquelles il ne manque pas d’apporter une somme considérable de renseignements, et l’on pourrait presque dire quartier par quartier. Cela marque aussi son passage à la vie citadine. Ce qui l’appellera un déracinement personnel et collectif qualifié de brutal.
A Bône, où il cite la rue Bélisaire de la cité Auzas, son nouveau cadre de vie et l’école Anatole France, sa première vraie école, ainsi que la découverte de la Place d’Armes. C’est là l’avantage du récit autobiographique. Une période phare est retenue dans ses souvenirs de 1957 à 1962 où la guerre prend une place prépondérante dans ses récits. Il est totalement engagé pour la cause du FLN et de l’indépendance, mais jamais il n’a fait montrer une violence dans la dénonciation, alors même que son récit fait apparaître les exactions révoltantes de l’armée française.
Et sur les méfaits de l’organisation de l’armée secrète (OAS), il n’est pas moins clair et détaillé, parce qu’entre 1961 et 1962, il était âgé entre quinze et seize ans. Dans le dernier chapitre du livre, Matmati aborde ses premières déceptions de l’après-indépendance. Des événements marquants qui ont ébranlé ses rêves d’enfant. Il évoquera la crise politique de 1962, la guerre des frontières entre l’Algérie et le Maroc et le coup d’état de 1965, dont il voit les espoirs de démocratie envolés.
Par : A.Ighil