La colère gronde à Biskra. Huit (8) anciens maires de la ville, rejoints par des citoyens et acteurs de la société civile, montent au créneau pour dénoncer une série de décisions jugées destructrices et irresponsables menaçant l’héritage historique, architectural et culturel de la ville. Au centre des critiques, des actes qualifiés de “démolitions planifiées” opérées sous couvert d’aménagements urbains, mais en totale contradiction avec les lois de la République.
Dans une déclaration adressée au ministre de la Culture et des Arts, les anciens responsables municipaux tirent la sonnette d’alarme. Ils évoquent, exemples à l’appui, ce qu’ils considèrent comme une campagne de défiguration urbaine, la réaffectation anarchique de l’ancienne daïra, la disparition de l’hôtel El Sahara et plus récemment, l’abandon progressif, voire la démolition partielle du complexe Atlas (ex-cinéma Casino), véritable joyau patrimonial unique en son genre.
Pour les signataires, il s’agit bien d’une série d’actes irresponsables manifeste pour le cachet identitaire de la ville, détruisant méthodiquement les repères culturels de Biskra, s’indignent-ils. Ils soulignent que ces opérations ont été menées sans consultation, ni respect des documents réglementaires en vigueur tels que le Plan d’Occupation des Sols (POS) et le Plan Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme (PDAU).
La tension est montée d’un cran lorsque les citoyens ont découvert la tentative de transformer une partie, exactement l’arrière de la bâtisse de la mythique salle Atlas, en une simple cantine scolaire. Un projet contesté vivement déclenchant une vague de protestations. Pour beaucoup, c’est toute une mémoire collective qu’on tente de raser.
Les protestataires dénoncent également une série de violations flagrantes des textes législatifs régissant la gestion municipale. Ils rappellent, à ce titre, plusieurs articles du Code communal, dont l’article 94 qui impose aux maires la sauvegarde du patrimoine historique et culturel ; l’article 95 qui les engage à faire respecter les textes relatifs à l’urbanisme, au foncier et à la protection architecturale ; ou encore l’article 116, qui fait obligation aux communes, avec l’aide des services techniques, de protéger et conserver l’harmonie urbaine et les biens culturels bâtis.
«Comment peut-on parler de développement durable tout en piétinant les fondements mêmes de notre identité », s’interrogent les auteurs de l’appel, qui redoutent de voir Biskra perdre irrémédiablement son âme au profit de projets sans vision, ni conscience patrimoniale.
Face à ce qu’ils qualifient de “dérive municipale dangereuse”, les signataires réclament une intervention urgente du ministère de tutelle afin de stopper les agissements en cours. Ils appellent à l’ouverture d’une enquête et au gel immédiat de toute opération de transformation ou de démolition touchant des édifices classés ou d’intérêt historique.
Par : N.BENSALAH