Fidèle à lui-même, il est parti dans la discrétion et la sérénité qui lui étaient coutumières. Sans donner l’occasion à ses nombreux fans de lui dire adieu ou de lui adresser un ultime signe de révérence, il s’en est allé à la manière de cette caste d’hommes qui vous donnent l’impression de choisir, contre toute vraisemblance, leur destin.
En retrait, depuis un certain temps, de l’espace artistique, il constatait, sans le prononcer, l’ingratitude des hommes et les sales tours de la vie, la prééminence du lucre et la dépravation des mœurs artistiques, le caractère pendant des apprentis gestionnaires et les aléas d’une carrière musicale.
Ses intimes ont eu droit, quelques jours avant son décès, à quelques propos prémonitoires où le défunt parlait à profusion de la vanité de ce bas-monde. Chérif Ouada a chanté l’amour courtois et ses déboires, a adapté avec aisance les plus difficiles des répertoires classiques et en a fait un assemblage difficile à imiter.
Des paroles de Benkhelouf, aux pamphlets de cheikh Hamada, il transmettait des sujets du terroir aussi variés que la vie et a pu facilement introduire, au milieu, un «madih» transcendant où l’austérité du verbe bouscule, sans heurter l’ouïe, les complaintes de Rachda ou le périple d’El-Herrez.
«Nous venons de perdre en lui un chanteur talentueux et une icône de ce genre musical», a reconnu Djamel K. un artiste et cadre universitaire. Pour Kamel N., l’un de ses fans, Chérif Ouada a été l’un des rares chanteurs qui pouvait drainer plus de trois générations lors des fêtes familiales où les récitals étaient exceptionnellement chantés en chœur par le public.
La nouvelle de son décès a fait le tour de la toile et a ému un nombre incalculable de mélomanes.
Par : Abderrahmane.D