Le poète et écrivain Idriss Boudiba a animé dans l’après-midi du samedi 21 janvier, au niveau de la bibliothèque principale Barkat Slimane, une rencontre littéraire autour du roman Things Fall Apart de l’auteur nigérian d’expression anglaise Chinua Achebe (1930-2013).
C’est le premier rendez-vous sur un ensemble de quatre rencontres littéraires dédiées à la littérature africaine qu’organise la bibliothèque principale à l’occasion de la tenue à Annaba de la compétition sportive CHAN 2022.
Intellectuels bônois et férus de livres se sont réunis pour découvrir et débattre de la place de la littérature africaine en Algérie et dans le monde. Idriss Boudiba, ex-directeur de la culture et des arts de wilaya d’Annaba, a d’abord présenté les grands auteurs africains. Il déclare : « J’ai connu la littérature africaine il y a une quarantaine d’années, en lisant les poèmes du Sénégalais Léopold Sédar Senghor. L’apparition de la littérature africaine (écrite) est récente, elle remonte au 19ème siècle. Avant cela, elle était particulièrement orale ». Il ajoute : « Outre le français, le portugais et l’anglais, la littérature africaine est exprimée aussi en arabe, grâce à la présence de la Tarika Tijanyya au Sénégal ». L’intervenant n’a pas hésité à attirer l’attention du public présent sur la négligence et l’indifférence envers la littérature africaine au Maghreb en général et en Algérie en particulier, il note le manque flagrant d’études et de recherches académiques autour du sujet comparé à ce qui se fait en Orient.
L’un des moments forts de la rencontre était celui où Idriss Boudiba a listé les auteurs lauréats de prix Nobel de littérature, une manière de démontrer à quel point cette discipline récente est porteuse de sens et d’intérêt à l’international, tant qu’elle évoque les pratiques humaines et dénonce les souffrances y afférentes. Les lauréats africains de prix Nobel cités sont : le Nigérian Wole Soyinka en 1986, l’Egyptien Nagib Mahfoud en 1988, la Sud-africaine Nadine Gordimer en 1991, John Maxwell Coetzee en 2003, Abdulrazak Gurnah en 2021. D’autres grands auteurs ont été évoqués par l’intervenant, il note : « Tous ces auteurs et ces prix n’égaleront jamais l’œuvre de Chinua Achebe. « Things Fall Apart » est désormais un classique existant dans la majorité des programmes scolaires des pays africains. Ce roman est un fait culturel, artistique et social. L’œuvre est humaine et crédible », martèle-t-il.
L’ex-directeur de la culture, Idriss Boudiba, revient dans les détails sur les différents chapitres du roman, il décortique les mythes décrits et relève les traditions, défis humains, déceptions et rêves inachevés évoqués dans l’œuvre. Avec une langue limpide et un enchainement logique, le public présent était séduit par le thème abordé, ce qui a suscité un débat intéressant brillamment animé par le professeur Mokrane Facih.
« Le monde s’écroule »
Le roman “Things Fall Apart” « le monde s’écroule » 1958 est aujourd’hui traduit en cinquante langues et vendu à plus de 10 millions d’exemplaires. C’est l’histoire de « Okonkwo », un homme très écouté par son village appelé ibo d’Umuofia. Sa puissance et son courage sont vantés par tous. C’est aussi un fermier prospère qui veille sur ses trois épouses et sur ses huit enfants, un sage guerrier jouissant de la confiance des anciens. Son monde repose sur un équilibre cohérent de règles et de traditions, mais l’extérieur s’apprête à violer cette réalité qui semblait immuable : les missionnaires d’abord, les colons britanniques ensuite vont bouleverser irrémédiablement l’existence de tout un peuple. « Tout s’effondre » rend hommage à l’Afrique précoloniale à l’aube de sa décomposition. Avec ce roman, Chinua Achebe devenait l’un des premiers lions du continent à prendre la plume.
Il est à noter qu’une exposition de livres d’auteurs africains est organisée au niveau du hall de la bibliothèque principale Barkat Slimane et se poursuivra jusqu’à la fin des rencontres dédiées à la littérature africaine.
Fatima Zohra Bouledroua