Par : Benmaiche Lina et Djellab Fahima « Averroès », Club scientifique de la faculté de médecine d’Annaba
L’automédication est un fléau grave touchant plus de la moitié des Algériens qui pour traiter leurs symptômes auto-diagnostiqués ont recours à divers médicaments, notamment des antalgiques, des antibiotiques et des corticoïdes, mettant ainsi leur santé –et celle de leurs proches- en danger.
Selon le comité permanent des médecins européens, l’automédication est définie comme « l’utilisation, hors prescription médicale, par le patient lui-même ou pour l’un de ses proches, de médicaments ayant l’autorisation de mise sur le marché ». Afin de soigner leurs symptômes auto-diagnostiqués, certains patients peuvent recourir à des médicaments soit délivrés en vente libre en pharmacie, précédemment prescrits ou bien destinés à un autre patient.
En Algérie, une étude menée par l’union nationale des Opérateurs de la pharmacie en mars 2018 a démontré que durant l’année précédente, 52% des Algériens affirment avoir eu recours à l’automédication. Les principaux symptômes auto-traités sont la douleur, les syndromes grippaux ainsi que les rougeurs et les douleurs oculaires.
Quels-sont les risques ?
La douleur représente le symptôme le plus fréquemment auto-traité par la population, à l’aide de deux médicaments principalement : le Paracétamol et les AINS.
Le Paracétamol, très largement utilisé pour toutes les tranches d’âge, permet de soulager les douleurs somatiques (maux de tête, courbatures…etc.) et d’abaisser la fièvre. Même s’il est réputé pour sa sureté, Il reste impératif de l’utiliser avec précaution car il présente un seuil de toxicité estimé à 4g / 24h, au-delà duquel on se retrouve exposés au risque d’hépatite aiguë.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens, plus puissants que le paracétamol, sont réservés à des douleurs plus sévères, tel que les rages dentaires notamment. Ils peuvent cependant être responsables d’effet secondaires graves : Ulcères gastroduodénaux, Insuffisance rénale.
Les syndromes grippaux connaissent un autre type de mésusage médicamenteux : l’abus d’antibiotiques. En effet, ces molécules à action spécifiquement dirigée contre les bactéries sont inefficaces contre les infections virales (dont la grippe) et peuvent au contraire causer un déséquilibre de la flore microbienne protectrice de l’individu, ouvrant la porte à des affections diverses, tel que des troubles digestifs ou encore des mycoses vaginales chez la femme. Cette utilisation anarchique est aussi un facteur fortement incriminé dans l’émergence de résistances aux antibiotiques, et par conséquent, l’épuisement des armes thérapeutiques en cas d’infections bactériennes multi-résistantes.
Par ailleurs, les gouttes oculaires ou collyres anti-inflammatoires, souvent utilisés à tort par la population générale en cas de douleurs ou de rougeurs oculaires, sont en réalité à base de corticoïdes et peuvent donc aggraver fortement une infection oculaire préexistante (tel qu’une infection herpétique). En cas d’utilisation prolongée, ils constituent une cause principale de cataracte et d’autres pathologies responsables de troubles visuels sévères.
Comment limiter les risques de l’automédication ?
Il reste toujours indispensable de consulter un médecin devant tout problème de santé et avant toute prise médicamenteuse. Beaucoup de pathologies présentent des symptômes intriqués et spécifiques, ce qui renforce la dangerosité de l’auto-diagnostic et de l’automédication.
Si vous pratiquez quand même l’automédication, lisez soigneusement la notice et respectez les posologies. Ne prenez jamais plusieurs traitements en même temps ou en association avec d’autres substances (tisanes, alcool, plantes médicinales…etc.). En cas d’effets indésirables, consultez rapidement un médecin et prenez soin de mentionner tous les médicaments que vous prenez. Ne pratiquez jamais l’automédication si vous prenez déjà un traitement au long cours, si vous êtes enceinte, allaitante ou sur vos enfants.