Par : M. Rahmani
Annaba dite « La Coquette » a perdu de son aura et n’est plus cette ville où il fait bon y vivre, comme elle l’était il n’y a pas si longtemps avec ses millions de touristes qui font leur pèlerinage une fois l’an pour profiter de ses belles avenues, ses plages et la beauté de ses paysages.
En effet, le visiteur est tout de suite frappé par cette saleté ambiante qui enveloppe les quartiers et cités de la ville avec des amoncellements d’ordures ménagères à chaque coin de rue, des nuées d’insectes qui tournoient autour et des bouches d’égouts obstruées par des cartons, des bouteilles et des sachets en plastique.
Des chaussées “échaussées” en très mauvais état qui causent beaucoup de désagréments aux automobilistes contraints d’emprunter ces voies qui, pour aller travailler qui, chauffeur de taxi et obligé de déposer un client quelque part ou encore pour aller faire ses courses.
En hiver, ce sont des flaques d’eau qui masquent ces cratères dans lesquels tombent invariablement les véhicules piégés par ces plans d’eau. Et parfois il faut faire intervenir des dépanneuses pour sortir de ces ornières non sans avoir laissé des plumes car certaines pièces auront été endommagées et il faudra les remplacer.
Des égouts à ciel ouvert, il y en a partout, ça court les rues, à l’entrée des immeubles au bord des trottoirs, à proximité des habitations et cela dégage des odeurs pestilentielles qui indisposent tout passant empruntant ces lieux. A l’entrée du marché couvert, devenu un dépotoir, au niveau de son rez-de-chaussée squatté par d’indus occupants, des eaux usées se déversent à l’entrée et s’y accumulent empêchant tout passage et on a dû improviser une sorte d’allée en plaçant des madriers au-dessus. A l’intérieur, ce sont de fortes odeurs d’urine qui vous prennent à la gorge et vous chassent des lieux. Des déchets traînent un peu partout, on est très vite indisposés et on quitte rapidement l’endroit pour aller respirer l’air frais dehors.
La circulation automobile en ville n’obéit presque plus à aucune règle, on conduit comme on veut, on s’arrête où on veut bloquant la circulation pour discuter avec quelqu’un en pleine rue ou pour demander le prix de quelque produit vendu sur le trottoir. On se gare n’importe où, on bloque le passage, on empêche un autre de sortir du parking, ne se souciant guère de ce qui peut arriver.
De petits délinquants, un gourdin à la main, un sac en bandoulière et des pièces de monnaie en main rackettent les automobilistes « Parking » disent-ils comme pour réclamer un droit.
Et puis ces disputes, ces altercations, ces bagarres de rues et ces chapelets d’insultes et de menaces qu’on profère. On ne peut plus circuler en famille en ville, la politesse, la bonne éducation, le respect de l’autre, ce sourire aux lèvres et ce bonjour qu’on lance à autrui n’ont plus cours. Une descente aux enfers qui dure depuis des années et qui continue au grand dam de ses habitants. Et c’est dommage car c’est ce qui fait la convivialité, le vivre ensemble, l’amour du prochain et cela est devenu une « denrée rare de nos jours. Mais comme on dit autres temps, autres mœurs ! Décidément, Annaba n’est plus ce qu’elle était.