Par : Mustapha B.
La justice algérienne devra juger dans les prochaines semaines, ou mois, l’ensemble des accusés impliqués d’une manière ou d’une autre dans l’affaire Future Gate. Un procès sans précédent dans la mesure où le juge aura à déterminer les responsabilités de chacun des accusés. S’il est évident de déterminer la culpabilité ou pas du directeur de l’agence fictive, de sa secrétaire, ses complices à l’étranger et même de sa mère (ex-député FLN d’Annaba), il est beaucoup moins évident de se prononcer sur le niveau de responsabilité des « influenceurs » impliqués dans cette affaire et de leurs « managers ». Le peuple facebookien souhaite voir des têtes tomber, des lynchages publics et des sorcières sur le bûcher. Mais la justice devra se prononcer sur cette affaire, sereinement et loin des « tribunaux » des réseaux sociaux, où les « juges et bourreaux » sont légion. Il ne s’agit nullement, ici, de se faire l’avocat « des diables », aussi charmants soient-ils, mais de se poser des questions essentielles pour bien comprendre l’affaire.
Pour cela, elle aura, tout d’abord, à déterminer si les dits instagrameurs étaient au courant de l’arnaque ou s’ils ont eux-mêmes été des victimes de celle-ci. Car il ne faut pas non plus oublier que c’est leur image (leur seul capital et source de rentrée d’argent dans ces « nouveaux métiers ») qui a fortement été compromise dans cette affaire. Il s’agira aussi de déterminer s’ils sont coupables d’arnaque, de complicité ou même de publicité mensongère.
Ines Abdelli, la jeune influenceuse de 16 ans, a été placée sous contrôle judiciaire. Si certains estiment qu’elle a été chanceuse, d’autres jugent qu’un bon nombre de réponses doivent être révélées à l’opinion publique. L’adolescente avait-elle 16 ans, ou moins au moment des faits ? Si elle avait moins de 16 ans, son tuteur légal avait-il signé un contrat avec la société fictive ? Si c’est le cas, n’est-ce pas à lui d’assumer l’entière responsabilité ? N’est-elle pas, elle-même, victime d’une exploitation sur mineure ?
Il serait malvenu d’accabler les 76 victimes qui ont porté plainte pour arnaque, mais une question mérite, tout de même, d’être posée : quelle responsabilité accorder à des jeune de 25 à 30 ans qui ont accepté de donner des sommes allants jusqu’à 300 millions de centimes à une agence fictive sans prendre la peine d’« enquêter » ou de contacter l’établissement universitaire en question, et surtout, en se basant uniquement sur la story d’une gamine de 15 ans !
Comment peut-on en vouloir à de simples instagrameurs, de ne pas avoir découvert l’arnaque, quand on sait que les institutions de l’Etat et les services de sécurité, responsables du contrôle de cette activité (exercée publiquement), et avec tous les moyens dont ils disposent, n’avaient pas réussi avant de recevoir les plaintes, à découvrir le pot aux roses ?
Enfin, qu’en est-il de l’inexistence d’un cadre juridique légal pour réglementer ces « nouveaux métiers » apparus avec l’avènement des TIC ? Une problématique qui n’est certes pas propre à l’Algérie, mais qui concerne tout de même notre pays.
Beaucoup de questions qui méritent d’être posées et attendent des réponses, en attendant le procès.