Les amoureux de la culture ont renoué avec leur événement annuel, après deux années de suspension due à l’épidémie qui s’est abattue sur le monde. Le SILA a ouvert ses portes sur l’Italie, « un grand pays culturel »…
La Safex des Pins maritimes a ouvert ses portes officiellement le 24 mars 2022 pour accueillir le 25e Salon international du livre d’Alger sous le slogan « Le livre… passerelle de mémoire » et ce, neuf jours durant. L’Italie fut l’invitée d’honneur de ce prestigieux rendez-vous ! Coïncidant avec le week-end, vendredi et samedi, l’ouverture au public a enregistré une affluence record, faisant de cette rencontre littéraire une sortie en familles, entre amis ou de visites scolaires. Des dizaines de bus immatriculés de différentes wilayas étaient stationnées dans les parkings payants réservés à cet effet, démontrant l’engouement des Algériens pour cet événement incontournable.
Que ce soit au pavillon Central ou aux blocs Casbah et Ahaggar, les allées des stands des maisons d’édition algériennes et étrangères furent prises d’assaut par de nombreux visiteurs venus de l’Algérois, mais aussi de Constantine, Tizi Ouzou, Annaba, Chlef, Oran, Djelfa…
Comme à chaque SILA, la programmation des ventes-signatures, conférences, débats et rencontres a rythmé le passage des étudiants, chercheurs, enseignants ou lecteurs assidus.
La thématique des rencontres et conférences sur le pavillon Italie et sous l’œil critique d’Antonia Grande, la directrice de l’Institut culturel italien, était axée d’un point de vue littéraire sur la traduction des œuvres en langue italienne, et d’un point de vue historique sur le rôle joué par l’Italie dans son engagement pour la lutte de l’indépendance de l’Algérie.
C’est ainsi que la salle de conférences du SILA sera tout aussi la tribune de ces thématiques avec « La cause de l’indépendance algérienne en Italie », en présence de M. Daho Ould Kablia et de l’enseignante d’Histoire des relations internationales à l’Université de Florence Bruna Bagnato qui évoqueront, tour à tour, Enrico Matteï pour son combat dans la cause algérienne. Le portrait de cet homme politique italien sera dressé. La sympathie qu’avait Saâd Dahleb pour Mattei était immense. Cet industriel est devenu un symbole de la résistance algérienne, devenant la figure de la coopération économique et de l’amitié entre l’Algérie et l’Italie. Le gazoduc reliant les deux pays sera baptisé en son nom en 1999. Il sera honoré à titre posthume par le Président de la République lui attribuant la médaille des Amis de la Révolution en novembre dernier. L’année du décès de l’industriel et engagé politique (1962) porte en elle-même toute la symbolique de la Révolution algérienne. Date qui coïncide cette année avec la célébration du 60e anniversaire de la Fête de la Victoire.
Par ailleurs, Massimiliano Tarantino, le Président de la Fondazion Giangiacomo Feltrinelli, évoquera l’illustre éditeur et libraire d’extrême gauche dont la fondation porte son nom. Feltrinelli sera la voix des Algériens à travers la publication et la commercialisation d’ouvrages prenant fait et cause pour l’indépendance. Le seul ouvrage paru en langue française « Les Algériens en guerre » sera interdit de vente en France par le ministère de l’Intérieur de l’époque. N’abdiquant pas face à l’interdiction imposée, son engagement à la cause algérienne lui vaudra de violentes représailles.
Cela révèle l’impact ô combien important de la culture et des livres pour mener à bien une révolution, un combat juste…
De ce fait, la traduction des œuvres littéraires sera le sujet phare des rencontres-débat tenues lors de cette 25e édition. C’est ainsi que les professionnels du livre algériens et italiens ont été conviés à un échange sur la « traduction, l’achat de droits et la formation aux métiers du livre » à la salle El Djazaïr.
Aussi, le lendemain, l’experte en littérature algérienne et en traduction en langue arabe, Mme Iolanda Guardi, accompagnée du traducteur de Cesare Pavese en arabe, Walid Mohamed Grine, centralisa ses interventions sur la « traduction des œuvres algériennes en Italie et des œuvres italiennes en Algérie ». Elle évoquera le manque de traducteurs confirmés et la responsabilité du traducteur à ne pas travestir la pensée et l’âme du texte en maîtrisant les deux langues de travail.
Dans ce registre, l’ambassadrice du Prix international de poésie Leopold- Sédar-Senghor (Milan) en Algérie, Amina Mekahli, présentera son premier recueil de poésie « Les petits caillloux du silence » traduits en italien par Cinzia Demi « Le pietre Lievi Del Silenzo ».
A ses côtés, Meriem Guemache et Malika Chitour Daoudi mettront en exergue l’influence de l’Italie dans leur texte littéraire.
Ce 25e Salon international du livre d’Alger a accueilli en son sein d’illustres écrivains, historiens, poètes et universitaires tels Waciny Laaredj, Anouar Benmalek, Akli Tadjer, la Koweitienne Bothayna Al Essa, Amel Bouchareb, Nadia Sebkhi, Pierre Amrouche, Tassadit Yacine, Ammar Belkhodja, Mohamed Balhi, Youcef Merahi, Lazhari Labter, Khouala Taleb Ibrahimi, Nouredine Louhal, Mimoun Ayer, Ameziane Ferhani, Nadjib Stambouli… et les nouvelles plumes montantes telles que Fateh Boumahdi, Mohamed Abdallah, Bouchra Mokhtari, ou Riyadh Belaïd dont l’ouvrage Moods fut écrit entièrement dans la langue de Shakespeare (Les Presses du Chelif).
Par ailleurs, un hommage au défunt Hamid Nacer-Khodja fut rendu sur le stand Kalimat avec la sortie d’un ouvrage compilation de textes de 21 contributeurs agrémentés de dessins de Hamid Tibouchi et dont la couverture est illustrée par Denis Martinez. La séance de lecture s’est tenue sous la voix émue des différents intervenants en présence des enfants du défunt. Un moment de communion où l’âme de l’humaniste soufi de H. Nacer Khodja fut présente.
Par : Rihanna Amiour