Que se passe-t-il dans l’une de nos entreprises les plus expérimentées et qui a fait la fierté non pas seulement de la région d’Annaba, mais également de toute l’Algérie? Notre pays, à un moment crucial de son développement, peut être avec le découragement dû aux problèmes qui ont surgi par mégarde, s’est lancé dans des programmes dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils n’ont pu aboutir à des résultats évidents !
Mauvaise gestion chronique
La gestion de l’usine d’El Hadjar, aux dernières années de son existence, est monopolisée par des «décideurs» qui n’ont rien à voir avec ce grand moyen de production, aussi bien du point de vue de la technicité, que celui de la connaissance des installations et autres équipements.
Ainsi, entendait-on dire que le complexe va être vendu aux Italiens, Français ou Indous! L’opération fut mise au point en fin de compte avec les Indous qui exigèrent une réduction drastique du personnel! Le Syndicat, en son temps, marcha avec les Indous et l’administration. Les travailleurs furent trahis par le Syndicat et se retrouvèrent dehors au chômage avec des compensations lamentables.
C’est par la réduction du personnel qu’on s’est débarrassé des meilleurs cadres et ouvriers de l’usine. Il est évident que ce ne sont pas les tire-au-flanc qui vont déguerpir dans le cadre «des départs volontaires» comme on l’appelait alors! C’est ainsi qu’on a vidé les entreprises industrielles de leur encadrement. Que n’a-t-on pas compris de toutes ces manigances qui ont accompagné le développement économique de l’Algérie?
Les ennemis de la réussite et du développement
La fierté des précurseurs de l’industrialisation a, dès le début, été mise à mal par des oiseaux de mauvais augure qui se recrutaient aux différentes étapes du développement par aussi bien les anciens ennemis du pays que par les faux cadres qui voyaient en les jeunes universitaires les pires ennemis à leur ambition démesurée.
On a créé, par exemple, le vide à l’entreprise algérienne de sidérurgie : cette entreprise qui a accumulé tous les ressentiments de ceux qui ont imaginé être les véritables théoriciens de l’économie ! Souvenons-nous des hostilités et rancœurs des responsables qui ont succédé au défunt président Houari Boumediène. On a même vu le président Chadli Bendjedid inaugurer une petite gare de chemins de fer, toute proche de l’usine, sans y mettre les pieds durant toute la durée de sa présidence !
Un joyau aux mains d’un clan
Ceci pour dire que ce joyau de l’époque Boumediène sera abandonné purement et simplement à une catégorie de gestionnaires qui gérèrent les lieux en autarcie, loin de toute implication de structure étatique pour le contrôle. Ce qui a rendu naturellement l’étendue de leur pouvoir immense et rendu leur arrogance incontournable et incontrôlable. De ce fait, ils s’entourèrent de toutes les précautions pour la mise en place d’un clan, dont l’objectif est la protection de leurs acquis qui se résument par la mise en œuvre d’actions de sauvegarde, de soutien et de défense de leurs conquêtes.
Bien évidemment, ce clan se construisait essentiellement par la cooptation de ses nouveaux membres sur la base de règles incontournables et inévitables. Ce qui revient à dire qu’il est fermé et le restera devant toute personne n’ayant pas subi les épreuves qui lui permettent d’accéder au sein du milieu. Nul n’est donc admis dans le milieu, s’il ne fait pas montre de pattes blanches !
Le mauvais choix de l’ancien gouvernement
Ainsi de chaînes d’ateliers de production qui occupait près de 17.000 travailleurs dans sa première configuration, il a vu ses effectifs réduits, avant sa vente aux Indous. Organisé en chaînes d’ateliers de productions, la mission du complexe est l’élaboration de la fonte et sa transformation en acier pour la fabrication de tubes, tôles et fil et rond notamment. L’objectif de fabrication du complexe est matérialisé par un processus de fabrication allant de la transformation de la matière première à la mise à la disposition du marché algérien de produits semi-finis et finis.
Quel bon choix de partenaire a été fait par l’ancien gouvernement qui a laissé des milliers de travailleurs sur le carreau avec un effondrement de la production d’acier et le débauchage des meilleurs cadres techniques que sont les aciéristes, fondeurs, hommes d’entretien, d’exploitation, gestionnaires de la production et de la qualité! On a créé le vide à l’entreprise industrielle algérienne, particulièrement à l’entreprise de sidérurgie. Cela s’entend au plan des hommes qui sont placés dans des postes stratégiques après l’éloignement des titulaires par aussi bien les clans créés par les ravageurs des anciens tenants du pouvoir que par les Indous qui n’étaient intéressés que par leurs propres intérêts.
L’échec de la réhabilitation de 2015
Quel meilleur exemple à donner que la dernière réhabilitation en 2015 du complexe d’El Hadjar qui s’effectue dans de bonnes conditions selon son premier responsable ; il s’agirait de la poursuite et du parachèvement des opérations de restauration des installations industrielles.
Seulement, cette réhabilitation n’a pas connu les résultats escomptés. Des centaines de millions sont partis en fumées, dont des devises, sur le plan des investissements réalisés. Tout ceci est rendu possible par les décisions des hommes qui s’occupaient des opérations de négociation, de réalisation, de suivi et de contrôle. Mais ceci n’est que le résultat naturel du choix des exécutants choisis par nos hommes politiques après le vide créé dans les établissements du fait des différentes actions de réduction des effectifs qu’on désignait par l’appellation de «départ volontaire» qui était, en réalité, des licenciements déguisés.
Souvenons-nous que la malédiction qui a touché notre économie a commencé par la libération des meilleurs cadres, maîtrises et ouvriers qualifiés dans le cadre des départs volontaires qui, cela coule de source, n’a vu, en réalité, que l’abandon de leurs postes que par les meilleurs. Il est évident que ce ne sont pas les tire-au-flanc ou les fainéants qui vont quitter! Que ce soit pour les cadres ou les autres qualifications.
Mais ce qui laisse à réfléchir, c’est la marche réelle du complexe avec le départ des meilleurs dans le cadre des départs volontaires! Preuve en est donnée avec le rappel des retraités. Avant cela, tout indiquait que rien ne marchait plus comme avant, vu que tous les indicateurs de production étaient au rouge :
- a) mise au mille indiquant les grandes pertes du point de vue de la qualité et donc des faibles quantités produites d’acier conforme par rapport aux produits rebutés,
- b) taux de marche très faible prouvant la marche à-coup des installations,
- c) cadence minime de production se répercutant sur les prévisions de production indiquées dans les programmes de production.
Si l’on revient sur les propos du P-dg d’Imetal, nous constaterons que tout ce est dit dans sa déclaration représente, en fait, tous les malheurs et calamités subis par cette grandiose entreprise, à savoir l’abandon de sa vraie profession, le déclassement de ses métiers et enfin, la renonciation à sa vraie vocation, Voilà donc le projet de l’ex-Pdg d’I metal qui n’est enfin qu’une reprise de toutes les activités abandonnées sous le règne de Ouyahia qui a été beaucoup plus connu comme destructeur que constructeur.
D’ailleurs, le ministre de l’Industrie, à savoir M Bouchouareb durant cette époque, est une pâle copie du chef dont la réputation a dépassé tout entendement aux plans économique, de l’éthique, de la morale ou de la dégénérescence. «Tout ce qui est en train de se faire au niveau d’El Hadjar est suivi et supervisé par le gouvernement en temps réel», disait encore le Pdg d’Imetal. Peut-être dans le sens où ce gouvernement n’a fait que piller les richesses du pays.
L’espoir et l’optimisme restent de mise
Ne dit-on pas de ces démolisseurs et exterminateurs qu’ils manquent de savoir-faire dans tous les domaines du management ? Ainsi, qui a négocié avec les Indiens? Certainement pas les sidérurgistes qui connaissaient le métier, mais les politiciens qui n’ont aucune compétence et dont les seuls arguments, dont ils peuvent se faire prévaloir, n’ont aucune relation avec le monde de l’industrie.
La capacité installée du complexe est répartie selon un mix de production de 1/3 de produits longs (rond à béton, fil machine) et 2/3 de produits plats (brames de l’aciérie à oxygène numéro 1, tôles des laminoirs à chaud et laminoir à froid, parachèvement). Toutes les capacités des Unités de transformation ont été calculées de telle manière que tout sera consommé, soit en fonte liquide chaude, soit en semi-produit avec une maintenance préventive et une veille technologique.
Est-ce que l’Algérie peut etre fière de ce qu’elle a consentie comme effort au vu de ce qui existe comme problème aujourd’hui ? Le complexe d’El Hadjar survivra-t-il aux crises qui l’entachent ? L’espoir d’un changement tangible est toujours présent. Gageons qu’incessamment, tout rentrera dans l’ordre.
Par : OULHASSI Mohamed