Dans une nouvelle sortie médiatique qui ne passera sans doute pas inaperçue, l’homme d’affaires et homme politique Rachid Nekkaz a avancé une idée pour le moins surprenante. Inspirée de la diplomatie carcérale iranienne, il propose à l’Algérie de négocier un échange entre l’écrivain Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison en Algérie, et l’ancien ministre de l’Industrie Abdeslam Bouchouareb, réfugié en France et visé par plusieurs condamnations pour corruption.
Pour justifier sa proposition, Nekkaz a rappelé le précédent iranien, qui avait procédé à un échange de prisonniers avec Paris. Selon lui, Alger devrait suivre ce modèle afin d’affirmer sa souveraineté et de démontrer qu’elle dispose, elle aussi, de leviers diplomatiques solides. Il a également mentionné le cas du diplomate algérien détenu en France depuis avril 2025, regrettant que cette affaire soit passée sous silence.
« Si l’Algérie libère Sansal sans contrepartie, elle n’aura rien gagné »
Dans une déclaration diffusée sur les réseaux sociaux, Nekkaz a insisté sur la nécessité pour Alger d’éviter toute concession gratuite. S’il a salué le fait que Boualem Sansal ait été jugé et condamné, il estime que son dossier a été instrumentalisé par Paris pour attaquer l’Algérie et fragiliser ses institutions. À ses yeux, une éventuelle expulsion de l’écrivain vers la France profiterait uniquement à Paris et placerait Alger dans une position de faiblesse.
« Si l’Algérie libère Boualem Sansal sans contrepartie, elle n’aura rien gagné », a-t-il martelé, appelant les diplomates algériens à « penser comme les grandes puissances ». Pour étayer son propos, il a rappelé l’exemple de l’échange russo-américain d’août 2024 impliquant plusieurs détenus. Nekkaz appelle ainsi à rompre avec « les cadeaux gratuits », citant notamment « les 25 années de gaz et de pétrole offertes à la France ». Même en cas de grâce, ajoute-t-il, Sansal devrait rester sous surveillance afin d’éviter que Paris et son ancien ministre de l’Intérieur, Bruno Retaillon, ne puissent revendiquer une victoire médiatique.
Une charge virulente contre Bouchouareb
Dans son intervention, Nekkaz a également réservé une critique sévère à Abdeslam Bouchouareb, ancien ministre condamné à de lourdes peines mais toujours en fuite. Il l’accuse d’avoir ruiné l’industrie nationale et de mener le grand train sur la Côte d’Azur avec l’argent détourné. « Pendant que des jeunes meurent en Méditerranée faute d’avenir, Bouchouareb profite du soleil et de l’argent du peuple », a-t-il dénoncé.
Par cette proposition volontairement provocatrice, Nekkaz interpelle autant l’opinion publique que les autorités. Reste à savoir si Alger acceptera d’entrer dans une logique d’échanges de prisonniers et si la France serait disposée à considérer un tel scénario. Cette idée soulève en tout cas de vifs débats, entre stratégie diplomatique et règlements de comptes politiques.
Par : S.A.B.