Les temps ont changé au grand dam des familles qui sont sujettes à des dépenses hors du commun les mettant à genoux pour des raisons évidentes. A l’instar de ce qui passe à travers le monde, l’Algérie est soumise à une flambée des prix qui ne cesse de progresser en dépit d’une politique sociale avantageuse prônée par les pouvoirs publics. La population est à longueur d’année dans l’obligation de faire face aux dépenses faramineuses lors des fêtes religieuses de l’Aid-el-Fitr, Aid-el-Adha, Mouloud Ennabaoui, El-Achoura, Awel Moharrem, du mois du Ramadhan, de la rentrée des classes, des vacances estivales et des fêtes familiales. Le pauvre père de famille ne sait plus à quel saint se vouer pour se tirer d’affaire car ses ressources financières ne peuvent répondre à ce flot d’évènements onéreux. La vie est devenue très dure pour le citoyen lambda qui doit nourrir, soigner, habiller, éduquer les membres de sa famille et régler les factures du loyer, de l’eau, de l’électricité, du gaz, du téléphone et de l’Internet.
Autres temps, autres …mauvaises mœurs
Cette année, les maquignons et les chevillards ont placé très haut la barre puisque les moutons proposés oscillaient entre 8 à 12 millions de centimes. Que peut faire un retraité ou un travailleur percevant 4 à 5 millions par mois ? De guerre lasse, les familles modestes ont opté pour l’achat de quelques kg de viande et d’une fressure pour célébrer l’Aid-el-Adha. D’autres ont délibérément préféré sacrifier cet évènement religieux en s’abstenant.
A Guelma, nous avons effectué une enquête de proximité qui nous a permis de déplorer que tant d’enfants ont été privés de leur mouton. Il est révolu le temps où les enfants promenaient dans le voisinage leurs belles bêtes pour épater leurs camarades. Cette ambiance conviviale a totalement disparu des mœurs et d’aucun regrette les belles années où régnait une perceptible atmosphère de fête dans la ville.
Un soupçon de solidarité subsiste…
L’esprit de solidarité a toutefois régné et a permis à des associations caritatives et des mécènes anonymes d’offrir un ovin aux familles pauvres. Des familles ont décidé d’offrir des quartiers de viande à celles qui sont dans le besoin. La fête s’est déroulée dans des conditions particulières car, selon notre enquête, beaucoup de ménages ont fait l’impasse sur le sacrifice du mouton.
D’autre part, elle est révolue l’époque au cours de laquelle des familles occupant chacune une chambre dans de vieilles maisons dotées d’une cour, d’un seul robinet et d’un seul sanitaire et faisaient bon ménage. Durant ces années remontant aux années 60, chacun mangeait à sa faim et partageait volontiers avec son voisin sa viande et sa nourriture. Les choses ont malheureusement changé, les valeurs ancestrales se sont évaporées puisque l’égoïsme, l’avarice et le chacun pour soi sont désormais d’actualité.
Les visites rendues aux parents et grands-parents par les enfants mariés ont régressé pour des raisons inexpliquées et cette déplorable situation accable et désespère les vétérans. Dans ce contexte, un vieil homme a déclaré à Le Provincial : “Les vertus ancestrales s’estompent au fil des ans et l’Aid-el-Adha a perdu tout son charme d’antan.
Hamid Baali