Par devoir de mémoire, nous ne cesserons de rappeler que le mardi noir du 8 mai 1945 à Guelma, symbolise le jalon lumineux dans les strates compilées de l’histoire du mouvement national algérien, où l’ordre colonial a montré son vrai visage sanguinaire et barbare. A cette date repère, l’on reconstitue cycliquement la symbolique marche à 16 heures, une procession humaine qui se prolonge de la stèle “El Karmette” jusqu’à la place du 8 Mai 1945. Et l’adhésion en masse de la population de Guelma prend l’allure sacralisée, tant la commémoration ravive le souvenir au nom de toutes les victimes de ce génocide, qui sont au cœur de la mémoire collective.
Dans l’interminable marche du temps, les massacres sanglants de mai-juin 1945 restent scellés sur l’une des pages des plus tragiques de notre histoire nationale, où l’élan pacifique et profondément humaniste du peuple algérien, a été rompu outrageusement par les représentants de l’Etat colonial français, dans une féroce violence, perpétrant ainsi l’un des plus abjects crimes contre l’humanité.
80 ans après, la commémoration se doit de préserver son cachet particulier d’humilité et de dignité, devant les douleurs du passé traumatisant et l’ambiance alourdie par toutes ses charges émotionnelles que l’on ressent, dans l’accomplissement du devoir de mémoire. La portée assez significative du geste, en ordre serré dans la rituelle marche du souvenir, ne fait que fédérer les générations d’aujourd’hui, dans la défense de la mémoire des victimes, à travers la recherche scientifique, dans une quête de la vérité sur notre identité historique et raviver la mémoire collective d’un passé longtemps et sciemment occulté.
L’emblème national guide la solennelle marche et flotte allègrement sans crainte d’être piétiné par le sinistre agent de l’Etat d’il y a 8 décades et cette génération qui monte reste à l’éveil pour que nul n’oublie. Les Algériens d’hier, d’aujourd’hui et de demain, ont hérité de cette sève combattante où ils ne se hasardent pas à déchirer les pages de l’histoire, mais se contentent simplement de les tourner, laissant les thuriféraires du néocolonialisme et de l’internationale sioniste se complaire dans leur cacophonie négationniste et leur démarche d’amnésiques dans une obstination immorale visant à assassiner la mémoire qui est immortelle.
Tant qu’il aura des hommes et des femmes libres dans la citadelle, la vigilance s’installe pour contrer les visées hégémoniques de l’empire du diable et le combat continue avec le devoir de mémoire, pour que nul n’oublie. L’on ne peut oublier ou ignorer que la construction de l’Algérie Nouvelle qui s’articule sur des approches proactives tendant à préserver avant tout sa souveraineté et sa mémoire, doit se poursuivre dans les arcanes du parachèvement de sa grande métamorphose qui va assurément placer le pays avec sa force continentale, en orbite vers les mérites des meilleures loges du concert des nations. Les fainéants, les incrédules petits jaloux et les “pense-petit” par malice, doivent s’éclipser pour céder les rangs aux bâtisseurs engagés sur le terrain de la consolidation de notre souveraineté.
Par : Mohamed MENANI