La Journée Mondiale de la Poste, célébrée le 9 octobre de chaque année, est l’occasion pour Algérie Poste de promouvoir ses services et de présenter ses réalisations, notamment en ce qui concerne le déploiement des Terminaux de Paiement Électronique (TPE).
Bien qu’un contrat important ait été signé pour augmenter le nombre de TPE disponibles, le taux d’utilisation reste faible, en partie à cause du manque de connaissance des mesures d’encouragement, comme les TPE
gratuits offerts par Algérie Poste, mais aussi des craintes liées à la traçabilité des transactions qui peut nuire à leur activité.
Concernant la wilaya d’Annaba, où la direction du Commerce et de la Promotion des exportations a exhorté l’ensemble des opérateurs économiques à «offrir à leur clientèle des moyens de paiement électronique (TPE)». Conformément aux dispositions de l’article 113 de la loi n°23-22 du 24 décembre 2023, intégrée à la loi de Finances de 2024, notre source affirme que cette mesure vise à éviter l’usage du paiement en espèces. Il est demandé aux opérateurs de se conformer aux règlementations en vigueur en se rapprochant des institutions bancaires ou postales pour se doter des équipements nécessaires dans les plus brefs délais.
L’usage du TPE dans un environnement propice
Toutefois, de nombreux commerçants de la région estiment qu’imposer l’usage des TPE sans un environnement propice reste une entreprise difficile. Certains pointent du doigt des attentes interminables dans les agences bancaires ou postales, parfois durant deux heures ou plus, les dissuadant d’effectuer des transactions quotidiennes.
De surcroit, plusieurs commerçants jugent qu’il serait inconcevable d’obliger leurs clients à utiliser des cartes bancaires, alors qu’une grande partie de la population préfère encore les paiements en espèces. «Je ne peux
pas forcer mes clients à abandonner l’argent liquide. Et je ne peux pas aussi les perdre», déplore un commerçant de vêtements pour hommes du centre-ville.
Un épicier de la Vieille ville a même qualifié la question de l’usage des TPE de «ridicule», en faisant remarquer que leur utilisation n’est observable que dans les grandes surfaces, comme les supermarchés et les centres commerciaux. D’autres obstacles se dressent encore. Certains commerçants dénoncent une fiscalité basée sur le chiffre d’affaires brut plutôt que sur les bénéfices nets.
Une pratique qui, selon eux, pénalise grandement les petits commerces. Le problème de la connectivité Internet, notamment dans les zones rurales sans fibre optique ou sans modem depuis des mois, est également soulevé. La question des marchés ambulants ou hebdomadaires, où la généralisation des TPE semble particulièrement complexe, ajoute une autre dimension aux défis à relever.
Un opérateur ayant requis l’anonymat a mis en lumière les difficultés pratiques : «Obliger tous les opérateurs à utiliser les TPE est difficilement réalisable. Imaginez, pour un crédit bancaire important, il faudrait, dans
certains cas, restituer 30% en espèces après une certaine période. Il y a même des gens qui se rendent à la banque avec des sacs noirs remplis de billets». Selon un membre de l’Union des commerçants, la
wilaya compte plus de 5.000 opérateurs économiques, entre commerçants, investisseurs et importateurs.
D’ailleurs, notre interlocuteur n’a pas manqué de saluer les efforts déployés par la direction du Commerce, en
mettant en exergue l’importance et l’impact de telle mesure. Cependant, cette transition vers le paiement électronique constitue une équation complexe qui mérite une étude approfondie et des solutions adaptées à
chaque secteur. Cependant, le secteur des Télécommunications a conclu, début septembre, deux partenariats totalisant un montant de 780 millions de dollars. Deux millions de terminaux de paiement
électronique (TPE) produits localement, d’une valeur dépassant les 300 millions de dollars, seront exportés vers le Nigeria, à la faveur de la signature d’une convention entre la société Industrie algérienne de
la téléphonie (INATEL) avec un opérateur nigérian.
Par : A.Ighil