Un an après son décès : Hamdi Benani Entre hommage local et succès international

Par : Fatima Zahra Bouledroua

A l’occasion du premier anniversaire du décès de l’artiste Hamdi BENANI, La direction de la culture et des arts de la willaya d’Annaba en collaboration avec   l’artiste Kamel Benani, organisent aujourd’hui à partir de 16h30 au palais de la culture Mohamed Boudiaf Annaba, une cérémonie pour rendre hommage à l’artiste décédé le 21 Septembre 2020 à l’âge de 77 ans. La cérémonie sera marquée par la présence de sa famille et amis. Le large public est cordialement invité à assister à cet hommage.

L’évènement sera marqué par l’inauguration d’une fresque qui lui est dédiée, une exposition de ses instruments de musique, tenues vestimentaires, photos, médailles, prix, sa raquette de tennis et instruments de pèche….etc.  L’artiste Kamel Benani jouera une composition de son défunt père avec le mythique « Violent Blanc » connu de tous. La parole sera donnée aux amis de feu Hamdi Benani pour lui rendre hommage, l’on prévoit Dr Friha Abdelghani, son frère Benani Ali, Dr Idriss Boudiba ex directeur de la culture d’Annaba.

 Contactés par le provincial, le directeur de la culture et des arts de la wilaya d’Annaba, professeur Ahcene Tlilani et l’artiste Kamel Benani affirment qu’une réflexion est engagée pour créer et organiser un festival international du malouf à Annaba qui portera le nom de Hamdi Benani pour les années à venir.

Un homme d’exception :

Plusieurs hommages lui ont été rendus sur les pages Facebook, par ses amis et acteurs culturels, à l’occasion du son premier anniversaire de décès.  L’on a lu les propos de Dr Idriss Boudida ex directeur de la culture et des arts de la wilaya d’Annaba, dans un texte émouvant, il regrette la disparition tragique d’un ami sincère le qualifiant  de gentil, sportif, pratiquant la marche et le tennis, ambitieux et créatif, jovial, très attaché et fidèle à ses musiciens,  un homme pour qui l’amitié a toujours été une valeur sacrée. Il donne un aperçu sur le parcours de l’artiste, des différentes villes et pays où il a chanté. Il cite : Samarcande, Moscou, la Corée du nord, Paris, Dakar, Qatar et le Canada. Il explique que l’artiste a su garder sa voix de ténor, joue la guitare, mandoline, percussion, Aoud, et le fameux « Violon blanc ».  Selon Boudiba, le premier album de son ami a été enregistré à Constantine en 1973 à (Saout el miniar) chez mohamed Taher el Ferguani, et créa (Binaphone) en 1976. Il compte 32 Albums, et a enregistré 150 chansons.  Interviewé par le provincial, Dr idriss Boudiba estime qu’une des plus grandes réalisations de son défunt ami Hamdi Benani est d’avoir chanté à l’université de La Sorbonne, il y voit une reconnaissance scientifique, académique et artistique de son talent et du patrimoine musical Algérien. Il explique que Hamdi Banani a été surnommé « l’ange Blanc » suite au concert qu’il avait donné en Corée du nord en 1984,    « Il avait attiré l’attention par son élégance dans son costume et violon blanc » rajoute-t-il.

A l’échelle locale et nationale, monsieur Idriss Boudiba rappelle que son ami a été une figure emblématique durant 14 années consécutives au  festival national de la musique et de la chanson citadine d’Annaba, il alternait avec l’artiste Dib El Ayachi soit l’ouverture ou bien la clôture de cet évènement national.

Par ailleurs, dans une autre publication Facebook, monsieur Rachid Saidi directeur du palais de la culture Annaba, est revenu sur les origines de l’artiste, ses influences musicales et son lien familial avec cheikh el kord, ses début auprès de cheikh Hassene el Annabi et Dib el Ayachi. Il affirme que Hamdi Benani a su introduire de nouveaux instruments de musique au malouf, et que ce caractère innovateur qui lui était propre lui a permis de faire évoluer ce style musical qu’il a pu  porter à l’international.

Le dernier projet de Hamdi Benani

 « Nuba-Nova » est le nom du dernier album du groupe Speed Caravan avec Hamdi Benani, une innovation du chant traditionnel Arabo andalous, que Mehdi Haddab et Hamdi Bennani ont minutieusement travaillé. Ils ont revisité le registre du Cheikh en y intégrant de nouveaux instruments musicaux, tel que le « Aoud électrique » pour faire grimper les décibels et donner une touche Rock moderne au malouf ancestrale.  L’association « Haddab-Benani » sonnait comme un détonateur qui allait sans nul doute faire exploser les ventes d’album, on y voyait des concerts qui allaient se jouer à guichets fermés.

L’album « Nouba-Nova » est né sous le parrainage de l’institut Français d’Annaba, il a été enregistré en partie au niveau du studio d’enregistrement de l’artiste Kamel Benani à Annaba, puis à Paris.

Pendant la période d’enregistrement de l’album, Bertrand Furic ex directeur de l’institut Français évoquait fièrement la collaboration gagnante entre les deux artistes, il insistait sur la créativité et l’originalité de l’album et le brassage de style innovant, tout en promettant des tournées en France et en Algérie.

Succès International post mortem

Le Coronavirus emporte la star du malouf Hamdi Benani, laissant derrière lui un projet inachevé. Double peine pour cette aventure, la star n’y est plus et les tournées sont annulées à cause de la situation sanitaire. Fort heureusement, L’album Nuba Nova est sorti en France au mois de juin 2021 et tout récemment au Etats unis en Juillet 2021. Un succès sans précédent pour cette Opus. Dès lors, Kamel Benani, ne se laisse pas abattre et reprend le flambeau. Dans un entretien téléphonique il déclare : « J’ai été partie prenante de cette aventure du vivant de mon papa, j’ai joué la guitare dans tous les morceaux et chanté dans la chanson culte (  Jani ma jani ) . «  Au jour d’aujourd’hui l’album «  Nuba Nova » est un succès international,  il sera distribué dans le monde entier par un distributeur professionnel ».  a-t-il noté.

«  Je travaille depuis des mois à raison de plus de deux heures par jours pour pouvoir jouer au violon à la place de mon défunt papa dans la tournée européenne qui sera organisée après la crise sanitaire.» « Une tournée Algérienne suivra la tournée européenne » rajoute-t-il. Il explique : « L’album a connu un grand succès parce que c’est un mélange entre le rock et le malouf traditionnel, l’on reconnaît la voix de mon père qu’il a refusé de retoucher, bien qu’il a toujours eu pour principe de rajouter de nouveaux instruments au chant traditionnel. »

Il nous reste qu’à souhaiter que ce virus qui a emporté notre virtuose s’en aille pour que les tournées « Rock-Malouf » rassemblent funs et curieux et nous fassent découvrir un nouveau genre musical gravé à jamais au nom de « Hamdi Banani ».