Par : M. Rahmani
C’est une paupérisation sans précédent qui a frappé de plein fouet la région d’Annaba et, même les wilayas périphériques, faisant plonger dans la misère des pans entiers de la société. Il faut dire que la misère gagne du terrain et avance chaque jour du fait d’un chômage qui persiste et qui dure faisant perdre espoir à une génération entière de jeunes demandeurs d’emplois qui déambulent dans les rues et qui sont la proie des maux sociaux qui, ces derniers temps, se sont propagés de manière exponentielle, particulièrement dans les cités et quartiers populaires.
Des dizaines d’entreprises activant dans le secteur du bâtiment ou les services ont baissé rideau, libérant ainsi des milliers de travailleurs qui se retrouvent ainsi à la rue ; des pères de famille qui doivent subvenir aux besoins de leurs foyers et qui, du jour au lendemain, se retrouvent sans ressources. De jeunes diplômés sortis des universités et des écoles supérieures formés à grands frais qui ne trouvent pas d’emplois même en dehors de leurs qualifications, comme vendeurs ou caissiers dans des supérettes ou de grandes surfaces.
La classe moyenne qui était plus ou moins à l’aise, il n’y a pas si longtemps, fait aujourd’hui pâle figure et a elle aussi plongé dans la misère ; elle essaye malgré tout de survivre dans cet environnement qu’elle considère ne plus être le sien. Pour la classe dite de condition modeste, c’est encore pire, car avec la flambée des prix, elle n’arrive même plus à assurer sa subsistance ; si elle arrive à avoir le pain et le lait c’est déjà une prouesse et cette situation se prolonge et continue.
Ce chômage qui dure a amené certains à verser dans l’illégalité, agressions, vols, casses, cambriolage, braquage sont devenus leur mode de vie et ils s’y sont habitués, ils vivent de la rapine et de la prédation. Des gangs se sont formés et se sont partagés des territoires devenus leurs terrains de chasse. Le trafic de drogue s’est développé et l’on ne parle plus de 500 grammes ou de 2 kilos de cannabis, on propose à la vente en gros de quintaux entiers qui sont écoulés en ville, dans les communes voisines ou dans les wilayas périphériques. La criminalité a donc fait un bond et est devenue maintenant un vrai problème de sécurité que les services spécialisés combattent et répriment.
Mais, la répression à elle seule ne règle rien car pour un criminel, un bandit, un délinquant condamné et jeté en prison, une dizaine d’autres font leur apparition et les remplacent, plus féroces et plus endurcis ceux-là.
D’autres s’essayant à la harga, ils ne veulent plus rester au pays, ils se voient sans avenir avec des horizons bouchés et le seul moyen de s’en sortir est de traverser la Méditerranée pour aller vivre sur le vieux continent, croyant que dans ces pays-là ils peuvent réussir. Mais, la plupart du temps ils sont arraisonnés et interceptés en mer, noyés ou morts d’inanition ou alors arrêtés dans le pays d’accueil pour être incarcérés dans des camps de rétention pour ensuite être rapatriés chez eux.
La pauvreté, le chômage et la misère ont croqué à pleines dents dans cet édifice social, devenu frêle et fragile et qui ne peut plus tenir, la force de ce pays constitué de ces jeunes et par ces jeunes est en train de péricliter, ces jeunes qui se voient déjà finis à 30 ans alors qu’ils viennent à la vie.