À l’approche du vote du Conseil de sécurité sur le renouvellement du mandat de la MINURSO, la France et les Émirats arabes unis mènent, selon plusieurs sources diplomatiques, une intense campagne de lobbying en faveur du Maroc.
Ces deux alliés de Rabat tenteraient de rallier plusieurs membres du Conseil à un projet de résolution reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental, un territoire disputé depuis près d’un demi-siècle. Ces démarches, menées discrètement à New York, visent à modifier la nature du débat au sein de l’ONU, en remplaçant la simple prorogation du mandat de la MINURSO par un texte entérinant le plan d’autonomie proposé par Rabat en 2007.
Plusieurs observateurs y voient une tentative d’imposer une lecture unilatérale du conflit, au détriment du principe d’autodétermination défendu par le Front Polisario et soutenu par l’Algérie. « Le Front Polisario fait un pas vers les Marocains, mais discuter de la proposition d’autonomie en dehors du cadre d’un référendum n’est pas envisageable », a rappelé Mohamed Yeslem Beissat, ministre des Affaires étrangères du mouvement sahraoui, qui a soumis une « proposition élargie » au Conseil de sécurité. Celle-ci inclut les trois options prévues par le droit international : « l’indépendance, l’intégration ou le pacte d’association libre ».
Un lobbying qui fragilise le processus onusien
Les démarches de la France et des Émirats s’inscrivent dans une continuité politique. Paris a officiellement reconnu, en juillet 2024, la « marocanité du Sahara occidental », tandis qu’Abou Dhabi, allié de longue date du royaume, soutient activement la vision marocaine du conflit. Cette offensive diplomatique intervient dans un contexte où le Maroc cherche à enterrer définitivement l’idée d’un référendum d’autodétermination, perçu comme une menace pour son intégrité territoriale. En parallèle, des voix s’élèvent au sein des Nations unies pour dénoncer un « recul des standards éthiques » dans la conduite des négociations, certains diplomates évoquant des pressions « insistantes » exercées par les représentants français et émiratis.
Le Sahara Occidental, riche en ressources naturelles et stratégiquement situé entre l’Afrique du Nord et l’Atlantique, demeure au cœur d’une lutte d’intérêts mêlant calculs politiques, enjeux économiques et rivalités régionales.
Par : S.A.B.












