Le Fonds monétaire international (FMI) a clos sa consultation de l’article IV avec l’Algérie. Tout en signalant que «l’économie algérienne a montré une forte reprise après la pandémie», le FMI a appelé à un ajustement budgétaire et à la poursuite des réformes structurelles, préconisant des «mesures supplémentaires d’assainissement budgétaire équivalentes à 5% du PIB sur la période 2025-2028 ».
Ainsi, selon le Fonds, l’économie algérienne «a montré une forte reprise après la pandémie, soutenue par des prix élevés des hydrocarbures et une hausse des dépenses publiques». Dans cet ordre, «les perspectives à court terme restent globalement positives». Néanmoins, «un ajustement urgent des politiques est nécessaire».
Selon le rapport, qui s’appuie, comme mentionné, sur les données communiquées par les autorités algériennes, ainsi que des projections et prévisions du FMI, l’Algérie a enregistré une croissance de 3,6% en 2024, contre 4,1% en 2023.
Un ralentissement dû principalement « aux réductions de production décidées dans le cadre de l’OPEP+, qui ont pesé sur le secteur des hydrocarbures ». Quoi que, «l’activité hors hydrocarbures a maintenu une dynamique positive, grâce à l’investissement public et à la consommation intérieure».
A cet effet, «l’inflation, qui avait été alimentée par les chocs extérieurs et des conditions climatiques défavorables, a nettement reculé en 2024 sous l’effet de la baisse des prix alimentaires ». Toutefois, ajoute la même source, « la diminution des recettes pétrolières conjuguée à une hausse des dépenses a creusé le déficit budgétaire et réduit la marge de manœuvre financière de l’État ».
Des perspectives favorables mais sous contraintes
Pour ce qui est des perspectives pour l’année en cours, le FMI fait remarquer que «l’assouplissement des coupes de production OPEP+ devrait stabiliser l’activité dans les hydrocarbures et soutenir une croissance de 3,4% en 2025». Néanmoins, «la baisse attendue des prix du pétrole et l’incertitude mondiale pourraient peser sur l’investissement public et les exportations et mettre sous pression les recettes fiscales».
Ainsi, si «l’inflation devrait rester modérée», le déficit budgétaire «devrait se réduire par rapport à 2024 mais rester élevé sans action vigoureuse». «Le déficit courant devrait s’aggraver», a affirmé le Fonds, qui évoque, pour ce qui est principaux risques externes «la volatilité des prix des matières premières, les changements dans les politiques commerciales mondiales, l’aggravation des conflits au Moyen-Orient ou en Ukraine» et pour les risques internes, «des événements climatiques extrêmes, des charges contingentes importantes et des besoins de financement élevés menaçant la soutenabilité de la dette et accentuant le lien entre État et secteur bancaire».
À l’inverse, poursuit le FMI, «des ajustements réussis et des réformes structurelles pourraient réduire le déficit budgétaire, favoriser la diversification des exportations, améliorer le climat des affaires et développer les marchés financiers».
En somme, pour le FMI, qui estime que «les déficits projetés pour 2025-2026, atteignant des niveaux à deux chiffres, représentent un risque important pour la soutenabilité de la dette et la stabilité du système bancaire », pour stabiliser la trajectoire de la dette d’ici 2028, «une consolidation budgétaire de 5% du PIB est nécessaire». Ce qui passerait notamment par « la rationalisation des dépenses, l’accroissement des recettes hors hydrocarbures (notamment via la réduction de l’écart fiscal estimé à 2–4% du PIB), la poursuite de la digitalisation et la budgétisation par programme, la réforme des subventions énergétiques pour dégager des marges de dépenses sociales ciblées et l’amélioration de la gouvernance des entreprises publiques».
Sur le plan financier, tout en estimant que « la politique monétaire accommodante est jugée appropriée pour contrer les tensions de liquidité », le Fonds recommande à la Banque d’Algérie de «surveiller l’inflation et éviter tout financement monétaire» et «une plus grande flexibilité du taux de change pour absorber les chocs et encourager les exportations hors hydrocarbures».
Ainsi, en dernier lieu, tout en notant des avancées», telles que « a nouvelle loi sur l’investissement, les réformes foncières et la digitalisation des procédures», le FMI «insiste sur la nécessité d’approfondir les réformes des marchés des biens et du travail, de renforcer la gouvernance des entreprises publiques et de favoriser l’investissement privé».
Par : Elyas Abdelbaki