Plus qu’un simple spectacle, « Palestine trahie » s’impose comme une œuvre totale, où la scène devient le lieu d’un plaidoyer vibrant pour la mémoire et la justice. Conçu et mis en scène par Ahmed Rezzag, ce théâtre de conviction revisite avec intensité l’héritage de Kateb Yacine, pour en faire une parole vivante, brûlante, en prise directe avec le présent.
Présentée cette année au Festival international du théâtre de Béjaïa, la pièce a profondément marqué le public par la puissance de son message et la justesse de son interprétation. Dans cette ville où le théâtre s’affirme comme un espace de liberté et de dialogue, « Palestine trahie » trouve un écho particulier, rappelant la vocation du festival à accueillir les voix engagées et les écritures de résistance.
Ici, le théâtre n’est pas divertissement, mais résistance. À travers une mise en scène dépouillée et des textes ciselés, la pièce interroge la trahison des idéaux, la perte des repères, mais aussi la persistance de l’espérance. Chaque geste, chaque mot résonne comme un acte de refus face à l’effacement de la mémoire palestinienne et à l’indifférence du monde.
Ahmed Rezzag, entouré d’une troupe investie et généreuse, parvient à donner corps à une émotion collective. La voix de Kateb Yacine y trouve une résonance nouvelle : celle d’un cri universel pour la dignité humaine. En mêlant poésie, colère et tendresse, « Palestine trahie » dépasse la scène pour devenir un manifeste théâtral, une œuvre de conscience.
Ce spectacle, à la fois hommage et cri de révolte, mérite d’être porté au-delà des frontières. Il rappelle, avec la force des mots et des corps, qu’aucune cause juste ne meurt tant qu’il reste des voix pour la dire, et qu’aucune dignité ne se négocie.
Par : A.D