Alors que la transition numérique s’impose comme une priorité dans l’agenda politique national, des milliers d’Algériens restent sur le bord du chemin.
Le numérique occupe une place centrale dans l’agenda politique national. Il est un vecteur de progrès et d’efficacité. Et sur le papier, les bénéfices sont nombreux : démarches plus rapides, réduction des coûts, accès simplifié à l’information. Mais derrière cette avancée technologique, se cache une réalité plus brutale : celle de citoyens exclus par manque de compétences, d’équipement matériel ou … de connexion.
À l’heure où la modernisation des services publics passe par leur dématérialisation, une partie importante de la population se retrouve mise à l’écart. L’illectronisme (contraction d’« illettrisme » et « électronique » – désigne la difficulté, voire l’incapacité, à utiliser les outils numériques. En Algérie, alors que l’administration en ligne s’impose progressivement, cette fracture numérique laisse sur le bord du chemin des millions de citoyens.
Pour bénéficier de cette révolution numérique, encore faut-il savoir manier un ordinateur, un Smartphone, comprendre l’architecture d’un site web ou suivre un processus de connexion. Ces gestes anodins pour les plus connectés sont un véritable obstacle pour beaucoup : personnes âgées, handicapées, en situation de précarité, ou encore vivant dans des zones rurales où la couverture Internet reste inégale. À cela s’ajoute l’équipement, encore inaccessible pour une partie de la population, faute de moyens.
Une fracture sociale et générationnelle
Pour ces populations, effectuer une simple démarche en ligne peut relever du parcours du combattant. À 76 ans, M., retraité de l’administration, témoigne de son désarroi. Sans ordinateur ni entourage pour le guider, il se rend toujours au guichet physique pour gérer ses papiers. «On me parle de codes d’accès, de plateformes, d’identifiants… Moi, je veux juste parler à quelqu’un », confie-t-il. Son cas, loin d’être isolé, reflète une réalité ignorée : des milliers d’Algériens, souvent non scolarisés, ne savent ni lire ni écrire. Pour eux, le numérique est un univers inaccessible, voire abstrait lorsque beaucoup doivent même faire appel à un tiers pour remplir un chèque.
Face à cette situation, les cybercafés — communément appelés « cybers » — jouent un rôle crucial. Dans de nombreuses villes, ils font office de relais administratif. Pour inscrire leur enfant à l’école primaire ou soumettre un dossier au programme AADL 3, de nombreux citoyens passent obligatoirement par ces commerces, devenus de fait un service d’utilité publique. Mais ce service a un coût. Et dans les files d’attente qui s’allongent devant les établissements, se lit une inégalité criante face à l’outil numérique.
À l’ère du tout-numérique, certains n’ont même pas de clavier
Le numérique n’est plus un simple outil, il est désormais l’épine dorsale des transformations économiques, sociales et administratives. Avec une jeunesse majoritairement connectée, l’Algérie avance sur le chemin de la digitalisation. Mais les disparités géographiques et sociales sont encore importantes. Sur les 33,5 millions d’internautes que compte le pays, seuls 24,5 % vivent en milieu rural, contre 75,5 % en milieu urbain.
Le défi est donc de taille. Il exige des efforts accrus en matière d’alphabétisation numérique et d’équipement. Car sans une inclusion numérique réelle et équitable, la modernisation risque d’accentuer les fractures sociales existantes, et de laisser derrière elle ceux qui n’ont pas les moyens de suivre le rythme de la révolution digitale.
Combler le fossé numérique
Pour réduire ces inégalités, le gouvernement a lancé des programmes visant à étendre la couverture Internet dans les zones défavorisées. Par exemple, des efforts sont déployés pour améliorer l’infrastructure numérique et faciliter l’accès aux services en ligne. Malgré ces efforts, des défis subsistent, notamment en ce qui concerne le coût élevé des équipements et des forfaits Internet, qui restent inaccessibles pour une partie de la population. Il est donc essentiel de poursuivre les initiatives visant à rendre le numérique plus accessible et inclusif, afin de garantir que tous les citoyens puissent bénéficier des avantages de la transformation digitale.
À l’heure où l’Algérie accélère sa transition numérique, une partie de la population reste à l’écart, incapable d’accéder aux services en ligne faute de compétences, de matériel ou de soutien. Derrière la promesse de modernité se cache une réalité brutale : celle d’une inégalité grandissante entre les connectés et les exclus du digital, révélant une fracture sociale et générationnelle que l’ont ne peut ignorer.
Par : Aly D