Hier, les forces de police ont mené une vaste opération au cœur du centre-ville, visant à dégager les trottoirs envahis par un commerce informel devenu quasi-permanent dans le quartier du Champ de Mars. L’intervention a ciblé les étals dressés sur la voie publique, notamment devant le C.E.M. Max Marchand, où des marchandises étaient disposées au point d’obstruer la circulation piétonne et de contraindre élèves et riverains à des usages inadaptés de l’espace scolaire et urbain.
Sur le terrain, l’opération a consisté en des saisies de marchandises et en déplacements des étals vers des lieux alternatifs, selon les forces de l’ordre. Des témoins et des parents d’élèves signalent, toutefois, que l’intervention n’a pas, à ce stade, amélioré de façon durable les conditions d’accès aux trottoirs. Dès le soir, des vendeurs informels réinvestissent l’espace public et laissent derrière eux des dépôts d’ordures ciblant spécifiquement les abords de l’établissement scolaire. Ces pratiques transforment des espaces d’apprentissage en zones impropres à la concentration et à la sécurité des élèves.
Ce coup de filet s’inscrit dans une série d’opérations similaires menées ces dernières années dans la wilaya, qui, malgré leur ampleur médiatique, ont souvent connu un effet temporaire. Des opérations d’éradication et de répression ont été annoncées et mises en œuvre à plusieurs reprises, sans que ne soit garantie la pérennité du dégagement des espaces publics, ni l’intégration des commerçants dans des solutions formelles et réglementées.
La répétition des interventions met en évidence une double défaillance : celle du contrôle exclusif par la force publique, qui se heurte à un retour quasi-immédiat des vendeurs, et celle de l’offre publique de solutions alternatives (marchés couverts, espaces marchands aménagés, procédures d’expropriation ou de relogement économique) insuffisamment effectives ou inaptes à absorber la demande. Des précédents judiciaires montrent, par ailleurs, que certaines opérations ont débouché sur des poursuites et des verbalisations, sans pour autant modifier les dynamiques de l’informalité sur le long terme.
Face à cette réalité, les citoyens et les associations locales appellent à une stratégie complète et durable : clarification des statuts des commerçants, création d’infrastructures adaptées, plan d’hygiène et de collecte des déchets coordonné avec la municipalité, et mesures socio-économiques pour réduire la dépendance aux revenus informels. Sans une démarche conjointe (police, autorités locales, acteurs économiques et société civile), les opérations ponctuelles risquent de rester des parenthèses répressives sans effet transformateur.
La question en filigrane reste celle de l’urbanité : rendre au piéton sa place, garantir un environnement scolaire digne et organiser une économie marchande qui respecte la réglementation et la qualité de vie des riverains. À défaut d’un plan partagé et d’actions continues, les trottoirs du Champ de Mars risquent de redevenir, chaque soir, le théâtre d’un retour à la situation antérieure, au détriment des usagers et de l’image du centre-ville.
Par : Mahdi AMA