Chaque année, le sujet des animaux errants revient comme un marronnier, sans que des solutions viables soient encore trouvées. Dans de nombreuses villes algériennes, il n’est pas rare de croiser des meutes de chiens livrés à eux-mêmes. Ils dorment sur les trottoirs, rôdent autour des écoles, fouillent les poubelles ou errent le long des routes, parfois blessés, affamés ou porteurs de maladies. Ces animaux, souvent en groupe, sèment la panique, notamment parmi les écoliers et les lève-tôt. La nuit, ils circulent en toute tranquillité dans les quartiers, renforçant un sentiment d’insécurité.
Les ordures, terrain de prédilection des errants
Nos villes souffrent aussi d’un problème chronique de gestion des ordures. C’est souvent autour des décharges et des marchés que l’on observe le plus grand nombre de chiens et de chats errants, attirés par les déchets alimentaires. Ce phénomène, devenu structurel, alarme autant les riverains que les vétérinaires et les défenseurs des animaux.
Si les chiens sont perçus comme le principal danger, les chats errants ne sont pas sans risque. Leur multiplication favorise la propagation de maladies et de parasites, comme la toxoplasmose, pouvant toucher particulièrement les enfants et les femmes enceintes. Leur présence massive autour des zones commerciales ou des marchés soulève aussi des inquiétudes d’hygiène et d’insalubrité.
Les incidents se multiplient et alimentent les peurs. En juin dernier, l’actrice et influenceuse Celia Halilou a partagé sur Instagram une photo de son pied ensanglanté après une attaque de chien errant. L’image est devenue virale, déclenchant une vague d’émotion mêlant colère et inquiétude. En février, à Naâma, une meute a attaqué une ferme et causé la mort de 38 brebis. Le propriétaire, bouleversé, a décrit une scène de panique, les chiens envahissant son exploitation en pleine nuit.
Au-delà de la gêne sonore et de l’insalubrité, les meutes représentent un véritable danger sanitaire. Porteurs de maladies comme la rage, certains chiens développent des comportements agressifs lorsqu’ils sont affamés ou blessés. Les habitants craignent de sortir tôt le matin ou tard le soir, redoutant une attaque. Les autorités locales, malgré des opérations régulières, n’ont pas réussi à endiguer le problème.
Abandon et vide juridique
Face à l’urgence, l’État a instauré le dispositif dit « GALOUFA », pour Groupes d’Abattage à Lutte contre les Formes Animales. Ces unités municipales sont chargées de tuer les chiens errants par balle ou empoisonnement, souvent au petit matin. Mais la méthode suscite une vive controverse. Les vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des exécutions choquantes, parfois devant des enfants. Les associations dénoncent une solution brutale, inefficace et inhumaine, quand les élus locaux invoquent le manque de moyens, l’absence de refuges et de campagnes de stérilisation.
Le phénomène met en lumière une série de carences : abandon massif des animaux, vide juridique en matière de maltraitance, absence de sensibilisation sur la possession responsable. Pour les associations, seule une politique nationale de stérilisation, de vaccination et de création de refuges permettrait de sortir de ce cercle vicieux.
Le phénomène des animaux errants dépasse la simple nuisance : il révèle l’urgence d’une action coordonnée et humaine. Sans politique nationale efficace de stérilisation, de vaccination et de création de refuges, le cycle de peur et de danger se poursuivra. Nos rues restent le théâtre d’une confrontation quotidienne entre prudence et compassion, entre sécurité et respect de la vie animale, soulignant la nécessité d’une réponse structurée et durable avant qu’un nouveau drame ne survienne.
Par : A.D