Après avoir été « privatisés » par les commerçants formels ou non, les trottoirs se transforment chaque soir en dépotoirs à ciel ouvert. Pourquoi cette désinvolture des populations qui entrave ainsi le travail des éboueurs ?
« Les ordures, c’est l’affaire de l’APC », pense tout un chacun. Mais salir, il suffit de faire un tour en ville après 19h pour le constater, c’est l’affaire des commerçants. Les mauvais comportements, le laisser-aller et les agressions contre l’espace public sont partout et quotidiens sans que personne n’y trouve à redire. Si l’occupation illicite des trottoirs, rues et artères de la ville complique la circulation piétonne, le soir c’est un autre décor qui s’installe. Les commerçants, qu’ils soient légaux ou informels, laissent en fin de journée, un spectacle encore plus désolant : des tonnes de déchets. Les piétons ou les riverains qui subissent en journée les marchandises exposées sur les trottoirs devenus extension des locaux pour certains, et étalages sur cartons ou autres lits de camp pour d’autres, doivent slalomer entre les ordures le soir venu.
On ne peut nier les actions des services de sécurité qui organisent des descentes dans les différents quartiers pour déloger les vendeurs informels, effectuer des contrôles dans les locaux commerciaux. Mais, une fois l’opération terminée, les mêmes contrevenants reviennent, étalent de nouveau leurs marchandises et repartent la journée terminée en laissant des tonnes d’ordures. La loi existe : «Quiconque dépose, jette ou abandonne des déchets inertes sur tout site non désigné à cet effet et notamment sur la voie publique est puni d’une amende de 10.000 à 50.000 DA. En cas de récidive, l’amende est portée au double ». Des décisions sont prises, des communiqués fusent et sont relayés par les médias. Mais, sur le terrain, l’action peine à se mettre en place. En tout état de cause, le constat est amer, et cela est visible à travers toute la ville que certains continuent d’appeler « la Coquette », tout en enjambant la saleté. Ici, il n’est pas question des services communaux, qui sont débordés, mais de l’incivilité flagrante des commerçants de l’informel.
On ne serait plus aujourd’hui confronté au phénomène de l’insalubrité à Annaba et ses environs, si les populations avaient compris la nécessité de protéger l’environnement. De le débarrasser de toutes les immondices, tant celles-ci sont préjudiciables à leur santé. Malheureusement, toutes les campagnes de sensibilisation menées jusque-là par le gouvernement et associations ne semblent pas produire les fruits attendus. L’incivisme s’enracine et engendre des conséquences fâcheuses sur la qualité du cadre de vie des citoyens et sur l’image de la ville et du pays.
Le paradoxe est à son comble. Depuis quelques années, les vidéos vantant les beautés de l’Algérie foisonnent sur les réseaux sociaux. Que valent ces visions idylliques quand l’incivisme porte un coup fatal à l’attractivité touristique de la ville.
Loin d’embellir les rues, les activités commerçantes du centre-ville les enlaidissent décourageant du coup à prendre du plaisir à flâner. Mais, en manque de réaction énergique de la part des autorités locales, le phénomène risque de prendre des ampleurs graves. Les mesures coercitives semblent ne pas suffire. Il serait temps de passer à la pédagogie et la sensibilisation. Tout un chacun constitue la principale arme.
Par : Aly D