À Annaba, on ne compte toujours pas de véritable salle de cinéma. Seule la cinémathèque subsiste, chance pour les enfants qui découvrent le grand écran. Mais dans ces conditions, comment croire aux tapis rouges et aux éloges appuyés qui entourent le festival du film méditerranéen ?
Le festival illumine la ville quelques jours, mais ne laisse rien derrière lui. Pas de salle rouverte, pas de programmation régulière, pas de rendez-vous qui prolongent la fête. Juste un théâtre, fermé, qu’on rallume soudain pour quelques projections ponctuelles. Les habitants, eux, restent dehors, tenus à distance par les barrières de sécurité. On leur offre le spectacle des paillettes, mais pas le cinéma au quotidien.
Le cinéma, ce n’est pas un décor. Ce n’est pas une parenthèse brillante. C’est une habitude, une respiration, une salle qui vit et qui rassemble. Laissez donc les Algériens retrouver leurs écrans, et l’on verra renaître une cinéphilie authentique, nourrie de passion et de curiosité.
Annaba a déjà connu ce souffle. La cinémathèque attirait des invités prestigieux, des cinéastes venus du monde entier. La ville vibrait au rythme des projections, des débats, des rencontres. Ce n’est pas de la nostalgie que de le rappeler, mais le souvenir d’un âge où le cinéma faisait partie du quotidien, malgré les limites et les moyens réduits. Même la télévision, avec Télé Ciné Club animé par Ahmed Bedjaoui, reflétait cette passion. On parlait de cinéma, et surtout, on allait au cinéma.
Aujourd’hui, il ne reste qu’une vitrine sans fondations. Tant que le cinéma sera réduit à un festival éphémère, Annaba n’aura pas retrouvé son souffle. La ville a déjà prouvé qu’elle savait aimer et faire vivre le septième art. Il est temps de rallumer les écrans… pour de bon.
Par : Aly D